dimanche 27 octobre 2013

La sortie du dimanche - L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet


  Je développe depuis de longues années une allergie au cinéma au français actuel, Amélie Poulain m'emmerde ferme et le travail global de Jean-Pierre Jeunet ne m'emballe pas des masses. Malgré cela, je me suis rendue voir L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S Spivet (et en plus j'ai horreur des titres à rallonge, quelle râleuse je fais dis-donc !), dernier film de J.P Jeunet adapté du roman éponyme que je n'ai pas lu. Eh bien ça va peut-être te surprendre, mais c'était pas si pire. Je dirai même que j'ai trouvé ça plaisant. Laisse moi t'expliquer pourquoi.

 T.S Spivet est un gosse de 10 ans qui vit avec sa famille dans un ranche, quelque part dans un de ces coins paumés des USA comme je les aime. Sa mère est une entomologiste obsédée par la quête d'une espèce de scarabée en particulier, son père un cow-boy à la John Wayne, sa sœur une ado que les concours de Miss font rêver, et son frère jumeau, une version miniature du père, qui le hante depuis son décès dans un accident dont T.S se croit responsable. Et dans la vie, T.S aime observer, dessiner, calculer et inventer des choses. C'est un peu le genre de gosse que j'aurais aimé être, je crois bien. La mort du frère jumeau en moins, bien entendu. T.S, il passe un peu pour le membre légèrement étrange de la famille, alors qu'en y regardant de plus près, chacun s'est réfugié dans sa propre petite folie, le père dans sa mentalité anachronique de cowboy, la mère dans sa perpétuelle quête obsessionnelle d'insectes, la sœur dans ses idéaux de teenager. Dans tout ce bordel où l'on se demande comment des personnalités aussi différentes parviennent à cohabiter, T.S invente la machine à mouvement perpétuel, sacro-saint Graal des scientifiques. Pour cette invention, il va remporter un prestigieux prix qui l'amènera à traverser le continent comme un vagabond.

 Même si le titre est un peu prétentieux de nous promettre un voyage extravagant (parce que non, je n'ai rien trouvé de véritablement extravagant là-dedans), J.P Jeunet nous offre un film rafraîchissant, genre de mélange entre Moonrise Kingdom et un petit road-movie. C'est loin d'être un grand film et je l'aurai très certainement oublié d'ici trois jours, il y a de nombreux défauts (le fait par exemple de débuter le film de la même manière qu'Amélie Poulain, la satire stéréotypée du show-business à la fin, le côté larmoyant des sentiments tus et de la mort du frère ...) mais en dépit de cela et de la simplicité du scénario sans rebondissements, la très jolie photographie et le jeu des acteurs (particulièrement de Kyle Catlett interprétant le rôle principal, rappelant un peu Macaulay Culkin) en font un film agréable, frais et où l'on peut même sourire (j'avoue, j'ai souri deux ou trois fois). Je n'ai pas trouvé ça ni touchant ni beau d'un point de vue émotionnel, mais le petit fragment de poésie enfantine que nous offre là Jean-Pierre Jeunet a au moins le mérite de relever le niveau du film français dans mon estime.

7 commentaires:

  1. J'ai lu le livre et j'ignorais qu'ils en avaient sorti un film. Je demande à voir, selon ta description il a l'air potable mais bon, le livre est sympa dans le genre qui se lit vite et très rafraichissant donc si le film est pareil... Cool... Merci pour ton article en tout cas! ;)

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    1. Je jetterai peut-être un œil au livre en ce cas ! Le film n'est pas exceptionnel mais reste agréable et joli. Il n'y a rien de dingue, mais ça se laisse regarder. Il parait que la 3D vaut le coup, mais sans, c'est aussi très bien.

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  2. Je dois reconnaître que pour "Amélie poulain" et "un long dimanche de fiançailles", Jean Pierre Jeunet s'est laissé aller au gnangnan, mais "mic macs à tire larigot" était chouette et plus proche du style de ses premiers films en collaboration avec Marc Caro.
    Je ne sais pas si tu les a vu :
    Délicatessen et La cité des enfants perdus, mais ceux là c'est du cinéma français qui vaut la peine d'être regardé...

    Donne lui une deuxième chance ;)

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    1. Ah, j'aime justement beaucoup Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus. Mic Macs à tir larigot ne m'a a priori pas marquée : je ne m'en souviens pas. Jeunet n'est pas un mauvais réalisateur de manière générale, et pour un français je lui suis reconnaissante de ne pas donner dans la comédie beaufesque. En l'occurrence ici, T.S Spivet n'est pas un mauvais film, loin s'en faut, mais c'est aussi très loin d'être du grand cinéma :)

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  3. Je confirme l'aspect un peu différent et sympathique de micmac à tir larigot. Un avis sur Moonrise kingdom ?

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    1. Moonrise Kingdom compte parmi mes films favoris. Je suis très friande du travail de Wes Anderson, et ce film n'a pas manqué de m'enchanter pour un tas de raisons. En plus d'avoir une photographie magnifique et des acteurs brillants (les deux gamins sont topissimes, en plus du paquet de bons acteurs mieux connus. J'ai même trouvé Bruce Willis cool), il traite en mon sens de sujets profonds et grave. L'amour, l'enfance, la folie, folie qui n'est finalement pas celle des deux protagonistes principaux mais celle des parents, des adultes en général.
      T.S Spivet m'a d'ailleurs un peu fait penser à Moonrise Kingdom, mais ce dernier reste incomparablement meilleur en mon sens. Spivet était peut-être trop léger à mon goût.

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    2. Je suis tout à fait d'accord, ce film est une de mes meilleures expériences de ce type ! La supposée folie des enfants confronté à celle des parents/adultes laisse voir leur réelle maturité... Je rêve de boucles d'oreilles scarabées <3

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