dimanche 30 décembre 2012

La sortie du dimanche - Le Hobbit : un voyage inattendu


          Le Hobbit était l'un des films les plus attendus de cette fin d'année, tellement attendu que le métro débordait d'affiches et qu'un charmant petit village Hobbit s'était installé le temps d'une semaine à la station Aubers. Et comme tout naturellement je me méfie de ce qui est très attendu de tous, je me suis méfié de Bilbo. Toutefois, j'ai laissé tous mes préjugés à l'entrée du cinéma, et j'ai dans le même temps oublié toutes les critiques qui avaient pu m'en être faites. C'est l'esprit vide et détendu que je me suis donc laissée emporter par ce voyage inattendu.

  Par où commencer... Les films adaptés de livres m'ont toujours posé problème dans ce sens où je ne sais jamais par quel bout les prendre. D'un côté je ne peux m'empêcher de faire un peu la conservatrice en vociférant que "non, ce n'est pas comme dans le livre, vindju de vindju ! ", et de l'autre, je suis bien plus tolérante parce que "mais oui mais c'est une réécriture, évidemment qu'on ne peut pas retranscrire exactement tout un livre, aussi petit que Bilbo soit-il". Petit. C'est la première chose qui choque. Bilbo est l'un ─ sinon le plus petit livre né sous la plume de Tolkien. Pourquoi donc en faire trois films ? C'est la crise et tout le monde a besoin d'argent, même Peter Jackson, admettons. Toutefois, mettons cette idée frustrante de côté et jetons plutôt un œil au bon côté des choses car, oui, il y en a, et rien n'est plus pénible que de vouloir regarder un film le livre sur les genoux.

  Un bon point peut être attribué aux quelques répliques fidèles au livre à la lettre près. On retrouve aussi les superbes décors du Seigneur des Anneaux dans lesquels il est toujours plaisant de replonger, la photographie est lisse et jolie et tout ceci est très visuellement plaisant pour ceux qui avaient aimé la trilogie du Seigneur des Anneaux. Peut-être même un peu trop plaisant. Si Bilbo et le Seigneur des Anneaux sont deux histoires liées se passant dans le même pays et que certains personnages figurent dans les deux aventures, on aurait peut-être aimé comme c'est de le cas dans les livres, voir quelques petites modifications, afin de n'avoir pas le sentiment de vivre deux fois la même chose en pas pareil et de moins bonne qualité (oui cette phrase est tout à fait bancale). En effet, non seulement la bande son est pratiquement la même dans le premier opus de ces deux trilogies, mais en plus l'on retrouve des plans voire des passages identiques et puis oh ben tiens, on a tourné dans les mêmes endroits mais ça ne va pas se remarquer, si ? Bel esprit de récupération monsieur Jackson, bravo. Durant tout le film, j'ai aussi eu le sentiment qu'il s'agissait du même scénario mais que l'on avait remplacé les hobbits par des nains (il faut les voir ces nains. Ils sont treize : Thorïn, Balin (qui a une fonction : prendre la relève de Gandalf lorsque celui-ci est hors-champ), un gros, et dix autres. Vous avez retenu leurs noms ? Bravo. Non, franchement, ces nains sont inutiles, l'on pourrait les intervertir ou s'en servir comme tabouret ou comme cale-porte, ce serait pareil) et un anneau par une montagne, chose fort dommage étant donné la richesse de l'ouvrage originel. Certes, le livre est peut-être fin, mais il n'en est pas moins un formidable condensé d'aventure. Choisir d'éterniser des scènes comme le repas et la vaisselle des nains par exemple ne me semble pas d'une nécessité extrême. Cela étant, d'autres passages sont également assez pénibles, celui dans la mine tout particulièrement (oui, la mine. Ça ne vous rappelle pas quelque chose, une mine toute pleine de gobelins ? ), où je me suis vraiment ennuyée et ai eu le sentiment de regarder quelqu'un jouer à un jeu vidéo. Allez, je vous la résume :

• La troupe cour à travers la mine.
• Une grosse horde de gobelins arrive.
• Quelques moulinets et des coups de la fabuleuse épée Mégabroyeusedegobelinsdelamortquitue dont le roi gobelin nous répète le nom et les capacités au cas où on se serait assoupi, parce que "oh par mon quadruple menton, c'est l'épée Mégabroyeusedegobelinsdelamortquitue qui a décapité un zilliar cinq cent vingt-huit gobelins dont mon grand-père Jean-Pierre ! ". Grossier personnage.
• Les gobelins meurent.
La compagnie saute sur une passerelle.
• Répétez les actions susmentionnées pendant une dizaine de passerelles et vous obtenez la scène complète.

Mais le passage suivant atteint des sommets d'ennui : le duel d'énigmes Gollum VS Bilbo où les ficelles pour rallonger le tout étaient si épaisses que j'aurais pu me pendre avec. Et les poches du pagne de Gollum où celui-ci paraissait habituellement ranger son anneau demeurent pour moi un véritable mystère.

Ceci est un nain. Oui oui, vraiment.

  Certes, un roman ne saura jamais être adapté correctement et blablabla (même si d'un point de vue totalement arbitraire je trouve la trilogie du Seigneur des Anneaux plutôt très proche des livres), nous le savons tous et là n'est pas le problème. Non. Le problème, c'est que ce film est plat, lisse, linéaire. Un blockbuster sans personnalité, un film américain de plus qui aura fait plaisir à mes yeux mais que j'aurai oublié demain. Il est malheureux de voir que des réalisateurs pourtant talentueux comme Peter Jackson ou Burton et Tarantino avant lui en sont venus à ne produire que des films redondants pour l'intérêt financier. Chacun avait sa patte, sa petite part de génie, son unicité. Une large part de cela s'est perdue au profit de l'argent et de films qui ressemblent tant à d'autres. C'est vrai, pourquoi avoir choisi d'adapter Bilbo ? Le fermier Gilles de Ham ou Le Silmarillion auraient tout aussi bien pu faire l'affaire. Mais, non, Bilbo allait de pair avec Le Seigneur des Anneaux, alors ça fera vendre des coffrets quatre DVD. Enfin six, pardon. Parce que, pfff, un seul film ? Tss, c'est nase, trois c'est mieux. Le livre est tout petit ? On s'en fiche, on va faire dix minutes d'images pour deux lignes, la voilà l'idée ! C'est triste d'en arriver là. Les images sont certes belles (oh oui dites donc, toutes les scènes se déroulent sous un lever ou un coucher de soleil, pour renforcer encore un peu plus le pathos et les clichés), mais le contenu est malheureusement creux, force est de le constater. Les dialogues sentent le ressassé tant certains semblent prévisibles (les dix premières minutes du film par exemple, qui ne servent strictement à rien si ce n'est que Peter Jackson a probablement dût se dire quelque chose comme "bon, nous avons un livre de 300 pages pour environ 9h de film. Allez Bilbo, raconte nous des choses futiles sur ce que signifie le mot bonjour, pour meubler un peu"). C'est en mon sens un film sans caractère ni âme, un simple produit de consommation comme tant d'autres films aujourd'hui. L'adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux avait un caractère véritablement épique en dépit d'une morale qui se marie pourtant très bien avec l'esprit de beaucoup d’hyper-productions américaines ; je n'ai pas retrouvé cela chez Le Hobbit. A ce stade, j'aurais presque envie d’appeler cela de la prostitution. Faire des films à succès, peu importe la qualité tant que le pactole y est.

  Je vous épargnerai cependant moult petit détails qui m'ont froissée, comme des femmes nains imberbes, un Thorïn un peu trop grand et trop peu velu et nanesque pour être un prince nain digne de ce nom (à dire vrai, il ressemble à Aragorn avec des après-ski), des ouargues qui sont passées de monstres s'apparentant plutôt à des hyènes dans Le Seigneur des Anneaux à de simples gros loups dans Le Hobbit, la manie qu'ont les personnages de parler dos à leur interlocuteur le regard plongé dans le lointain parce que ça donne un air tellement philosophe voyez-vous, les nains chantant une chanson la main sur le cœur face à un feu de cheminée parce que leur foyer leur manque ferme, tout ça tout ça, l'intrigue Hollywoodienne typique, certains nains qui parlent avec un accent de l'ex-URSS et d'autres non alors qu'ils viennent tous de la même mine, des passages au superbe humour américain qui vous font vous rompre deux côtes tant c'est désopilant hahahihihoho, la qualité générale du film inférieure à un feuilleton de série B, les dialogues plus que pathétiques (tiens, on va parler d'un type mort qu'il semblerait incroyable de voir revenir à la vie. Oh dis donc, c'est rigolo, le voilà dans la scène qui suit ! C'est marrant, c'est comme ça dans tous les films), les scènes pleines de détails inutiles qui s'éternisent, la discrétion de Bilbo vêtu de sa superbe veste rouge, la montagne d'incohérences, et la 3D que l'on est heureux d'avoir uniquement lors de la publicité Haribo précédent le film quand le sachet de bonbons explose à l'écran.

Je n'aime pas trop qu'on me prenne pour une huître.

Sur ce, je m'en vais regarder le chouette dessin animé de 1977 The Hobbit, histoire de faire passer la déception que m'a procuré l'adaptation filmique. Quand je pense que Guillermo Del Toro devait au départ réaliser le film au lieu de Peter Jackson... C'est frustrant. Vraiment.

Là au moins on trouve des nains, des vrais. Pas des éphèbes.

Oh, et puis, cette semaine parmi les Secrets, il y avait celui-ci. Comme il est chouette, rigolo et à peu près en lien avec cet article, le voici :











4 commentaires:

  1. Bonjour !

    Je suis tombée sur ton blog un peu par hasard (à vrai dire, je ne sais même pas comment j'y suis arrivée !). Je ne regrette pas du tout : tu es une personne très intéressante, avec des goûts particuliers et saisissants ! C'est un peu ironique de ma part de commenter pour la première fois ici, alors que j'ai moi-même bien aimé Le Hobbit - en dépit de quelques détails qui m'ont évidemment horripilé. Mais j'ai vraiment un joli coup de coeur pour ton blog et je voulais t'en faire part !

    Bonne année, et bonne continuation !

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    1. Oh, merci beaucoup pour ces gentils mots, ça me touche vraiment.
      Haha, à dire vrai, Le Hobbit n'est pas un mauvais film si on le prend tel qu'il est : un blockbuster américain. Malheureusement, il m'en faut plus. Cela dit, je suis presque certaine que j'irai malgré tout voir les épisodes suivants.

      De même, bonne année et bonne continuation.

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  2. La chose qui m'a faite le plus rire, après avoir relu le livre une fois rentrée chez mes parents c'est que, curieux coup du sort, ce sont les nains les moins moches qui meurent à la fin. Comme quoi, génétiquement ça s'explique peut être...

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    1. Oh ! Tu as raison, je n'y avais pas fait attention. Haha, c'est rigolo.

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