mercredi 3 octobre 2012

Jour 3 - Boucherie


"When the sun goes down and the moon comes up
I turn into a teenage goo goo muck
I cruise through the city and I roam street
Looking for something that is nice to eat"

The Cramps

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Jour 3 : 10 choses que vous détestez dans le lolita.

Je crains fort qu'il n'y ait rien que je puisse véritablement détester. Contentons-nous de ce que j'apprécie simplement moins. Et comme je ne suis parvenue qu'à trouver sept points dans ce qui me plaisait, je n'en trouverai pas plus dans ce qui me plait moins.

1°) Le prix très élevé des robes ne justifiant pas toujours la qualité. J'estime qu'un vêtement coûtant une ou plusieurs centaines d'euros se doit d'avoir au moins une bonne coupe et des matériaux de qualité. Je déplore l'omniprésence de polyester et de matières synthétiques. Je préfèrerai toujours par exemple un velours en coton comme celui de Millefleurs plutôt que le velours synthétique de Moi même Moitié. Baby, The Stars Shine Bright s'amuse par ailleurs à augmenter peu à peu les prix et à créer des robes dans une espèce de toile assez grosse et pas des plus agréables ni des plus élégantes. Le lolita aurait tellement plus d'élégance si de la soie remplaçait le polyester, et si du cuir remplaçait le PVC des chaussures et des sacs. Les prix seraient d'autant plus, en mon sens, justifiés.

2°) L'élitisme dans la communauté. Je sais que ce qui va suivre est loin d'être une généralité applicable à toutes les lolitas, mais j'ai souvent le sentiment qu'une certaine fierté d'être "différentes des autres pauvres moldus" germe dans la tête de certaines. En général, les lolitas atteintes de ce symptôme ont aussi tendance à inventer des règles lolita servant d'alibi à la création de degrés de lolita. En ce sens, il m'est arrivé de remarquer à plusieurs reprises que certaines en venaient à se dire "plus lolita" que telle ou telle autre, et que telle ou telle chose ne se faisait pas car n'étant pas lolita. C'est un comportement que je trouve aussi absurde que grotesque. A cette sorte de sentiment d'élite vient s'ajouter la tyrannie de la marque. C'est à croire qu'il faille être millionnaire pour être lolita. Appréciant beaucoup le fait main et les créateurs indépendants, je ne comprendrai jamais en quoi porter du Bodyline et du offbrand serait "moins lolita" que de porter des vêtements de marque. Ce choix de toujours privilégier la marque et de dénigrer ce qui n'en est pas est au final, exactement le même schéma que chez les collégiens préférant les vêtements et accessoires estampillés Adidas, Converse, D&G plutôt que l'équivalent sans étiquette.

3°) La chasse aux dernières sorties. Je conçois bien que les nouveaux modèles sont limités et qu'il s'agit d'une raison suffisante pour certaines de se ruer sur les dernières robes avant que celles ci ne soient hors stock, mais acheter neuf coûte une somme conséquente que je n'ai que très rarement sous la main, et l'on trouve toujours de tout en seconde main pour peu que l'on fasse l'effort de chercher.

4°) Le fait qu'il n'existe pas à proprement parler de culture lolita. Sachant que peu m'en chaut du Japon moderne, je trouve que les lolitas manquent de sujets de conversation autour desquels se rassembler. Il ne s'agit pas d'un mouvement qui dérive d'un style musical ou artistique, j'ai ainsi le sentiment de ne pas bien cerner le noyau de la chose, si noyau il y a. Aussi, parler des dernières sorties et de l'actualité des marques me convient un temps, mais je crains de vite me lasser de pareille conversation.

5°) Le trop plein d'accessoires, de motifs et de gadgets qui décrédibilisent immédiatement une tenue. Le lolita n'est pas un déguisement. Comment voulez-vous convaincre quelqu'un qui ne connait rien à ce style lorsque vous arborez pléthores poneys, caniches, peluches, gâteaux et choses criardes et enfantines quand vous avez vingt ans et plus ? J'aime l'élégance dans le lolita avant toute chose. Or, il me semble que dans la simplicité réside l'élégance. J'aime également les accessoires, bien entendu, mais je préfère la modération plutôt que l'étalage d'objets et la surenchère, trop caractéristiques de notre actuelle société.

6°) Le fait qu'il s'agisse d'une communauté presque exclusivement féminine. C'est abominable comme les filles sont méchantes entre elles. Les grotesques crêpages de chignon et autres méchancetés gratuites comme certains Secrets et autres si populaires dramas me consternent plus qu'ils ne m'amusent et témoignent en mon sens d'un certaine puérilité bien loin de l'esprit d'élégance de la lolita. Un peu de testostérone dans tous ces jupons ne fait pas de mal, donc.

7°) Le fait que l'on devienne vite matérialiste et que l'envie d'acquérir de nouvelles pièces se fasse difficilement réfréner. Être une lolita, c'est un peu comme être philatéliste, ou n'importe quel autre collectionneur, à la différence que nous portons notre collection - de vêtements et d'accessoires. Comme tous les collectionneurs, nous passons un certain temps à chercher la pièce rare ou la belle opportunité. Cela implique de passer - trop - de temps devant son ordinateur à mon goût. Il serait, à mon avis, plus agréable de passer du temps dans un magasin plutôt qu'enfoncée dans son fauteuil.



Harry Clarke



4 commentaires:

  1. Oh, je ne savais pas que tu avais un blog lolita, j'en suis ravie.
    Je suis d'accord avec toi sur à peu près tous les points, a fortiori le numéro 4 : c'est pourquoi je privilégie les fora dits "lifestyle", sur lesquelles beaucoup s'accordent plus ou moins à créer une forme de culture qui va avec le Lolita. Le fait, cependant, que ces associations doivent se faire a posteriori crée une sorte de divergence dans nos définitions du Lolita, et je ne me retrouve pas nécessairement dans ce qui y est dit. C'est parfois un peu confus, mais je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose : après tout, c'est une manière de diversifier ses intérêts.
    Connais-tu Rehem ? Elle a un chouette blog, "A Lace Jail, when frills own your life" sur lequel elle parle parfois de ses associations du Lolita aux vanités et à l'orientalisme. Elle s'intéresse au Antique Doll Style, aussi, et puis c'est une Pullipienne.

    (Je ne connaissais pas Harry Clarke, merci beaucoup, mais je crois qu'il y a une erreur dans l'upload d'image, dans un article précédent, tu lui as attribué une planche d'Uzumaki)

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    1. (Zlut, merci de me l'avoir signalé, honte à moi. Ça m'apprendra à faire du copier/coller et à ne jamais me relire. Je m'empresse de corriger cela).

      Je partage tout à fait ce point de vue, mais je ne parviens pas non plus à me retrouver totalement dans la vision lifestyle des choses, même si elle semble tout de même être la plus proche de mon sentiment envers le lolita.

      Je connais Rehem, je suis d'ailleurs régulièrement son blog. C'est une madame intéressante, je l'aime bien.
      (Oui Rehem, si tu lis ceci, sache que... jte keaff. Voilà).

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  2. J'arrive un peu après la bataille, mais je suis totalement en accord avec les points 2 et 4. Le lolita est devenu une parfaite réplique de la génération de "moldus" tant décriée par la plupart de la communauté. Et l'univers lolita est trop souvent bourré de références à une culture dans laquelle je ne me retrouve pas du tout (Kyari-pamyu-machin, suivez mon regard...)
    Bref, je suis très contente d'être tombée sur ton blog. Je vais le suivre avec intérêt !

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    1. Oh, merci beaucoup Hanako!
      Je comprends tout à fait ton sentiment vis-à-vis de ces nouvelles références. Je pense qu'il y aura malheureusement toujours de cela et que l'on ne peut pas faire grand chose sinon les accepter tout en cultivant notre propre lolita.

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