La sortie du dimance - Hannah Arendt

  En ce moment ma fréquentation des cinémas a soudainement augmenté (ma consommation de pâte également, du coup), la faute à mon ordinateur toujours mort et inressuscitable. Et puis c'est un genre d'échappatoire aussi, parce que les partiels, zut à la fin. D'ailleurs, pour fêter les vacances, j'envisage de me faire une petite cure de cinéma dès le weekend prochain, d'autant plus que les derniers films de Guillermo del Toro et de Kiyoshi Kurosawa me font bien envie. Mais bref. L'autre jour, je me suis rendue voir Hannah Arendt. J'aime beaucoup les films historiques, j'aime beaucoup les films qui parlent de l'Allemagne, et j'aime énormément le personnage d'Hannah Arendt. De fait, me rendre voir ce film s'imposait comme une évidence.

On suit Hannah Arendt dans sa vie quotidienne à New York, entourée de ses amis juifs allemands et américains, à l'université où elle enseigne, puis en Israël lors du fameux procès Eichman en qui elle ne verra pas un monstre nazi mais un homme normal, diabolisé et enfermé dans une cage de verre, un simple bureaucrate se contentant de faire son travail à l'instar des juifs conduisant les trains de la mort (le recours à des images d'archives est très appréciable). Cette réflexion engendrera l'une des plus grandes controverses du XXe siècle : la banalité du mal.

Ce qu'il y a de particulièrement prenant dans ce film, c'est bien entendu l'histoire réelle de cette femme se retrouvant soudainement seule face au monde entier l'accusant de collaboration suite à la parution de son ouvrage, cette femme qui se bat pour ses convictions même si cela implique la perte de certains de ses proches. Hannah Arendt est interprétée à merveille par Barbara Sukowa qui confère au personnage une dimension très humaine. Elle a beau être une intellectuelle et une philosophe reconnue, elle n'en est pas moins un être humain. C'est agréable de voir un tel personnage un peu désacralisé. Cependant, ce film ne peint pas un portrait d'Hannah Arendt, mais vise plutôt à véhiculer sa pensée. De fait, ce film s'adresse aussi bien aux personnes connaissant déjà ses travaux et son histoire qu'aux novices et aux curieux. Sa relation avec Heidegger y est aussi sporadiquement évoquée et apporte à la compréhension générale de cette controverse qu'elle engendre.

Le discours final qu'Hannah fait à ses étudiants est particulièrement fort et témoigne de l'incroyable force de caractère de cette femme. 

Un film vraiment intéressant et bien mené, en somme.