lundi 4 mars 2013

La sortie du dimanche - Blancanieves


         Les abominables adaptations cinématographiques de contes traditionnels qui donnent des haut-le-cœur à la simple vue de la bande-annonce, on nous en a servi à la pelle ces derniers temps. Fort heureusement il existe quelques perles rares, comme cette Blancanieves de Pablo Berger, transposant l'histoire de Blanche-Neige dans l'Espagne des années 20 et le monde de la tauromachie plus particulièrement (ce qui au passage est assez amusant tant le sujet est d'actualité à l'heure où l'Espagne est encore divisée sur le sujet, et où la condition de l'animal semble passer avant la condition de l'être humain, parce que oui, les conditions d'élevage, le bien-être animalier et tout le tralala, oh mon dieu c'est terrible, donnons un avocat à ces pauvres bêtes, et l'être humain pourrait crever la bouche ouverte à côté l'on s'en ficherait presque. Mais bref).

Carmen est la fille d'une danseuse de flamenco qui meurt en lui donnant naissance, et d'un célèbre torero devenu tétraplégique à la suite d'un combat ayant mal tourné. Elle vit alors avec Pepe un coq domestiqué, et sa grand-mère jusqu'à ce que celle-ci ne décède à son tour. Carmen est alors recueillie par sa belle-mère, une affreuse marâtre l'interdisant de voir son père et lui imposant les tâches les plus dures du domaine. Une fois devenue adulte et après avoir échappé à une tentative de meurtre la rendant amnésique, Carmen se retrouvera avec une compagnie de sept nains toreros la surnommant Blancanieves. Elle deviendra alors une célèbre torero, à l'instar de son père, provoquant la colère de la belle-mère.

J'ai toujours voué un amour immodéré aux contes de fées, pour leur caractère universel d'une part, mais surtout pour ce qu'ils sont capables d'apporter de par leur multiples niveaux de lecture (on n'est pas étudiante en psychologie pour rien).
Le noir et blanc du film et le fait qu'il soit muet contribuent grandement à toute la part d'imaginaire que réveille et fait travailler le conte lambda (alors, oui, on avait vu le très médiocre The Artist, rendant presque hype le film muet tant cela semblerait vintage et de fait trop fashion, mais la qualité de ces deux films-là est simplement incomparable). Dans les films muets, c'est l'image qui doit parler. Et c'est bien le cas ici où les acteurs sont fabuleux, leurs expressions incroyables, et les émotions véhiculées avec une force magnifique. La musique est également très bien choisie, passant tantôt d'une fanfare à un flamenco enivrant.

Cette Blancanieves présente aussi toutes les thématiques du conte originel. Carmen, par exemple, volant la première de couverture d'un magasine à la marâtre, est une métaphore du miroir magique de la méchante reine. On retrouve également bien le grand thème de la sexualité chez l'adolescente de sexe féminin, avec deux sexualités explicitées plus ou moins clairement au long du film : la belle-mère d'une part entretenant des rapports brutaux et sadomasochistes avec son amant, et d'autre part Carmen, à la recherche de son identité sexuelle, et entourée de nains exerçant exactement la même fonction que dans le conte.

On notera au passage quelques références à d'autres contes comme Cendrillon, ou Alice au Pays des Merveilles lorsque Carmen suit le coq Pepe tout comme Alice suit le lapin blanc, mais aussi à Freaks puisque la pauvre Blancanieves terminera dans un cirque de monstres.

Le film est sorti en début d'année et je n'étais pas allée le voir alors, mais j'aurais dût. De fait, je vous le recommande vivement car je n'avais plus eu pareil coup de cœur pour un film depuis un moment.

4 commentaires:

  1. Il me tentait depuis un moment et ton article fait grandir mon envie. J'irai.

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  2. Oh je suis contente de lire ton article, il est sorti quand j'étais chez ma grand mère en Espagne et j'avais terriblement envie de le voir mais j'avais un peu oublié en rentrant...

    (oui je stalke ton blog très régulièrement mais n'ose jamais commenter...)

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    1. Merci Milena, je suis contente de t'avoir pour stalkeuse :)
      Si tu en as l'occasion, je te souhaite de le visionner parce qu'il est vraiment, vraiment beau. J'imagine qu'il doit encore être projeté dans quelques salles.

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