lundi 12 novembre 2012

La sortie du dimanche - Expo : Les Enfants du Paradis


          Paris est tout petit pour ceux qui aiment comme moi Les Enfants du Paradis d'un aussi grand amour. En effet, l'exposition consacrée à ce film et à Marcel Carné se tenant depuis quelques semaines à la Cinémathèque Française, il me fallait de toute urgence m'y rendre. C'est chose faite cette semaine.



      Comme d'ordinaire, la Cinémathèque propose une superbe exposition, riche et complète, et très agréable à visiter comme à l'accoutumée, qui retrace toute la création du film, des premières influences à la triomphante sortie en salles, en passant par les imprévus et les problèmes liés à la guerre, le film ayant été réalisé sous l'occupation allemande, le tout parsemé d'une très belle collection de manuscrits de Jacques Prévert, de costumes et de dessins. Aujourd'hui, Les Enfants du Paradis est très certainement devenu le film le plus mythique du cinéma français, grâce notamment à des acteurs aussi fabuleux que Jean-Louis Barrault, Arletty, Pierre Brasseur, Maria Casarès et Pierre Renoir.


           L'exposition nous immerge d'emblée aux Funambules dans le Paris des années 1820 et rend ainsi hommage aux superbes décors de Trauner. L'agencement est séduisant, comme toujours. On commence par découvrir les inspirations de Marcel Carné, avec notamment de nombreux documents sur le bandit Lacenaire. Rappelons que ce dernier au début du film, confie qu'il est en train d'écrire "un petit article plein de gaieté et de mélancolie. Deux êtres qui s'aiment, se perdent, se retrouvent et se perdent à nouveau". C'est exactement l'histoire des Enfants du Paradis, une histoire d'amour absolu et déchirant. Le scénario de Jacques Prévert (dont on peut admirer pléthore d'originaux au fil de l'exposition) associe fiction et réalité en incorporant des personnages ayant véritablement existé tels que le célèbre mime Jean-Baptiste Gaspard Deburau, l'acteur Frédérick Lemaître ou encore Pierre-François Lacenaire, figures du Paris populaire.

La visite se poursuit en passant devant de très chouettes dessins de costumes, des plus classiques aux plus improbables, avant de découvrir les conditions de tournage quis'avéra long, ruineux, difficile, et mené en plusieurs endroits différents. Il commence à Nice, ville occupée, en 1943. Certains intervenants comme Taruner et Kosma, réfugiés hongrois juifs, travaillent alors dans la clandestinité durant cette période où la pellicule devint une denrée précieuse au marché noir. Selon Prévert, "les seuls films contre la guerre, ce sont les films d'amour". Si le tournage devait au départ ne durer que quatre mois, il s'étala finalement deux ans, en dépit de nombreux imprévus qui manquèrent d'interrompre la réalisation du film, qui se poursuivra dans les studio Pathé avant de retourner à Nice où les décors du boulevard du crime, reconstitués avec magnificence, long de 150m et composé de plus de cinquante façades d'une hauteur comprise entre quinze et dix-huit mètres, ont été endommagés. Le montage se fera alors dans une France libérée.

Les costumes, des partitions ainsi que de nombreuses pièces du tournage jonchent ça et là l'exposition, témoignant de l'incroyable travail effectué par Marcel Carné, qui tourna Les Enfants du Paradis juste après avoir achevé Les Visiteurs du Soir, mais aussi celui de Alexandre Trauner, Joseph Kosma et Jacques Prévert, ayant déjà travaillé avec Carné. De nombreuses photos attestent de la bonne entente de l'équipe, plus soudée que jamais pour la réalisation de ce projet.

Le film sortira le 14 mars 1945 et connaitra aussitôt un succès retentissant. Il restera à l'affiche plus de cinquante-quatre semaines et concourra pour les Oscars quelques mois seulement après sa sortie anglaise. Le succès sera international.


Jospeh Kosma, Jacques Prévert, Marcel Carné, Jean Gabin et Alexandre Trauner

2 commentaires:

  1. Oh, cool, tu l'as vue ! Merci pour le compte-rendu, c'était chouette (j'ai beaucoup aimé ton article précédent, aussi).

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    1. Merci Neyrelle, je suis contente que mes petits résumés te plaisent. Je crois que je vais finir par renommer la rubrique en "la sortie du lundi" par contre, haha...

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