jeudi 7 novembre 2013

Désaliénation

Ou pourquoi je ne fêterai pas Noël.

  Depuis quelques temps, j'ai le sentiment de faire un tas de choses qui ne me ressemblent pas, qui ne collent pas non plus à ce que j'aspire à être et pour couronner le tout, je ne sais même pas pourquoi je les fais. Pourtant, rien ni personne ne m'oblige vraiment à faire ces choses, c'est simplement que je n'ai toujours connu qu'elles. De fait, dans mon but de m'accomplir en tant qu'être humain, j'ai décidé de lister ces-dites choses afin d'entreprendre de me déconditionner d'elles, de me désaliéner.
En effet, la plupart de ces choses sont devenues des habitudes, presque des rituels immuables, inculqués dès l'enfance, période pendant laquelle tu ne réfléchis pas encore très bien et où "t'accomplir en tant qu'être humain" te semble être un concept encore lointain, flou et totalement amphigourique. Mais je ne suis plus une enfant, et a priori, toi non plus. Tu comprendras donc ma démarche lorsque je t'expliquerai que la chose par laquelle j'ai décidé de commencer ce travail de désaliénation est Noël.

  Je ne suis pas chrétienne. Mes croyances et mes idéaux sont même à l'exact opposé de ce que la Bible raconte. Pourtant, depuis toujours, un joli sapin embaume le salon de sa douce odeur chaque année aux alentours du quinze décembre,  je décore le salon et mange du pain d'épice en écoutant des chants de Noël, offre et reçois des cadeaux et fais religieusement tous ces trucs comme je les ai toujours connus. Sans parler du traditionnel réveillon suivi de la réunion familiale le lendemain.
Le problème, c'est que tout cela n'a aucun sens pour moi. L'atmosphère de Noël est certes plaisante et les guirlandes font très chic, mais je n'y participe que d'une manière finalement totalement superficielle puisque la raison d'être de Noël ne me concerne absolument pas. Et je trouve très absurde de fêter quelque chose lorsque l'on ne se sent pas concerné et que personne ne nous force à quoi que ce soit. Mais voilà, ça fait dix huit hivers que je connais ceci et ça n'est que maintenant que je réalise l'idiotie de ma condition. Imagine-toi en train de fêter le ramadan alors que tu n'es pas musulman. Imagine-toi à l'anniversaire de la grande-tante de ton voisin que tu ne croise qu'une fois de temps en temps dans la cage d'escalier. Imagine moi fêter Noël. Tu vois, c'est ridicule.
Ce qui rend la chose encore plus idiote, c'est le fait que les valeurs autrefois associées à Noël et dans lesquelles j'aurais potentiellement pu me retrouver ont aujourd'hui pratiquement disparu. La famille, le partage, penser à ceux qui ont moins que nous, etc, sont des idées ayant laissé place à une chose s'étant déjà emparé de la Saint Valentin, de Pâques et de Halloween : le capitalisme, la consommation outrancière, l'achat d'un tas de cadeaux et de nourriture ayant pour seul prétexte Noël. C'est sacrément triste qu'une fête belle et intéressante à l'origine se soit changée en période d'achats compulsifs n'ayant plus aucun symbolisme religieux.
Noël a de toute manière cessé d'être magique pour moi dès que le Père-Noël a cessé d'exister.
Le mythe du Père-Noël, je l'ai vécu comme la plus grosse trahison de ma vie, et c'est probablement aujourd'hui encore la chose pour laquelle j'en veux le plus à mes parents. A partir du jour où j'ai découvert que le Père-Noël n'existait pas, j'ai cessé de comprendre Noël. Mais je le fêtais tout de même, parce que c'est ce que ta famille et tes proches t'imposent, ce que la société infuencée par deux mille ans d'éducation judéo-chrétienne t'impose.

Mais cette année, je prends enfin conscience du ridicule de mes actes. Cette année commence donc ma désaliénation de Noël. Bien entendu, une telle opération nécessitera du temps, on ne supprime pas une habitude répétée pendant dix huit ans en un claquement de doigts. Il s'agira d'un travail progressif. Cette année, j'enlève le sapin. On verra ensuite l'an prochain. Je réalise cependant que choisir d'emprunter un chemin autre que l'autoroute imposé par la société n'est pas une chose facile, mais je n'ai pas peur ; Je tiens à mes convictions.
Et là, tout de suite, je me sens comme quelqu'un qui s'apprête à changer de régime alimentaire. C'est exactement pareil. Se priver d'un tas de bonnes choses pour mieux se rapprocher de ses idées. Pour mieux s'épanouir. Pour faire un pas vers l'accomplissement personnel. Ça m'a toujours fait sourire, d'ailleurs, ces gens qui souhaitent "bon courage" aux gens qui deviennent végétariens. Le courage n'a rien à voir avec ça, c'est simplement une question d'idéaux et de ce que l'on choisit d'être. Et moi, j'ai choisi d'être quelqu'un qui préfère fêter Samhain plutôt que Noël.

18 commentaires:

  1. Je n'ai pas fêté Noël depuis à peu près 2 ans même si je fais acte de présence auprès de mes grands-parents pour leur faire plaisir. Je n'offre pas de cadeaux - ou alors des cartes que je dessine moi-même, et je le vis très bien ainsi. Chez moi du coup je fête Yule, et même si ma famille et certains de mes proches ne me comprennent pas, et bien tant pis.

    Du coup il n'y a aucun problème à ne pas fêter Noël, surtout si tu as la sensation de ne pas faire quelque chose qui te correspond. Au contraire. J'aime beaucoup ce que tu dis en fin d'article, ce n'est pas une question de courage, simplement une façon différente de vivre. Une façon respectable et bien plus sincère et honnête que ce qu'on nous inculque depuis notre prime enfance.

    (D'ailleurs tu me demandais ce que j'avais fais pour Halloween et Samhain : comme je l'expliquais sur mon blog, j'ai fêté Samhain en privé en début de soirée, puis j'ai fais une nuit spéciale dans un cinéma d'auteur pour voir une rétrospective de films d'horreur vraiment sympas.)

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    1. Merci. J'envisage de fêter Yule également, après tout, je célèbre tous les sabbats (ou presque) sauf Yule, puisque Noël m'a toujours plus préoccupée. J'ai hâte, c'est assez excitant de s'imaginer qu'on va fêter Yule pour la première fois de sa vie.

      (Et du coup oui, j'ai lu ton article, ça avait l'air très chouette).

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    2. Honnêtement, Yule est un plaisir à fêter. Après ce qui est bien avec les fêtes dites païennes c'est que l'on est quand même libre de vivre l'évènement comme on le souhaite. En général, pour l'occasion, j'aime beaucoup préparer des gâteaux et du cidre. On décore la maison avec des fleurs séchées, des fruits (surtout des oranges et des pommes). Pour l'occasion je fabrique aussi des petits cadeaux faits main, et cette année avec mon copain on fait notre propre hydromel... Enfin bref, si tu as des questions ou des trucs, n'hésite pas à me le dire si je peux t'aider !

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    3. Ah, ça me fait rêver. C'est génial de faire votre propre cidre et hydromel. Si tu as une recette à partager, je serai curieuse de la connaître.
      Et, merci ! Je me suis pas mal renseignée, je pense pouvoir m'en sortir. J'ai hâte de m'y mettre, d'ailleurs.

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  2. Au final ça revient à juste changer la façon de fêter un événement et la fête change de Nom et de date.
    Au lieu de fêter les saturnales romaines ( 19-22déc) ou on a coller Noel, tu fêtera Yule le 21 déc. Bon après, quand bien même on voudrait le contraire la fête a été rattaché a Noel par les Nordiques, hein ^^

    Donc le seul truc dont tu te "désaliéne" ce sont les traditions judéo-chrétiennes qui font la fioriture autour de la fête d'origine. Le sapin, le repas pantagruélique et l'échange de présents entre proches.

    En fait ce que tu n'aimes pas, c'est le côté capitaliste de cette fête si j'ai bien compris. Mais pourquoi ne pas mettre de côté ce concept. En fabriquant toi même des cadeaux par exemple ( à moins que tu détestes l'idée d'offrir des cadeaux aussi ^^ ).

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    1. Ça ne revient peut-être qu'à changer le nom et la date, mais d'un point de vue totalement subjectif, c'est un énorme changement pour moi. J'ai tellement été ancrée dans toutes ces célébrations chrétiennes depuis toujours (bien que je fête également les sabbats, auxquels je m'intéresse nettement plus, pour le coup) que d'y mettre un terme est un genre de libération (et de protestation également, quelque part, je suppose). Je sais bien que les nordiques ont mêlé Noël à Yule et que chrétiens se sont de toute manière emparés des fêtes païennes pour imposer leurs rites à la place, mais de fait, fêter Yule et fêter Noël sont deux choses très différentes. Du moins, j'ai toujours fêté Ostara d'une manière extrêmement différente de Pâques.
      Rompre avec Noël et tout ce à quoi il se rattache dans mon vécu, c'est rompre avec un tas titanesque de trucs. Il n'y a pas que le côté capitaliste qui me gène, après tout, avec toutes les fêtes qui font vendre du chocolat par an, je suis rodée. C'est plutôt de la valeur religieuse, du rite célébré alors qu'il est aux antipodes de mes propres croyances, des imposés familiaux et de quelques autres bidules que j'aspire à me désaliéner. Parce que oui, en fêtant Noël sans savoir pourquoi, je me suis aliénée de ma propre réflexion, entre autres choses. et ça, c'est assez malheureux.

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    2. Mais ta famille était adepte des messes de minuit et des bénédicités ? C'est l'orgie de bouffe chez toi ? Ou la réunion de famille est indigeste?
      En fait, j'ai du mal à saisir, parce que tel que je le comprend, tu refuses quelque chose par principe par rapport à la vision actuelle qu'en offre la société ( foie gras, joujoux plastiques par milliers et débauche de sapins verts).

      Qu'est-ce qui empêche de fêter Noël a sa manière sans se préoccuper de la manière dont les "autres" le font?

      Car comme tu le sais, les Nordiques avaient les mêmes traditions. Odin est la représentation du père Noel, sauf que c'est Heimdal et les ases qui distribuaient des présents aux enfants sages et des cendres dans les chaussettes des enfants méchants.

      On en reviens exactement au même. La veillée, le repas qui réunit la famille.

      A quoi bon se préoccuper par principes? ;)

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    3. Un peu tout de tout ça, oui. Ce n'est pas la vision imposée par la société que je refuse en premier. Je refuse ce qui m'a toujours été imposé stupidement et que j'ai toujours accepté de faire sans savoir pourquoi. Je rejette des valeurs inculquées par défaut mais qui ne sont pas les miennes. Je me demande enfin pourquoi. Et se demander pourquoi, c'est le début de la sagesse ; Je n'ai jamais eu cette sagesse avant. C'est tellement simple et confortable de faire comme les habitudes l'exigent, comme ce que l'on connait depuis toujours. C'est tellement simple de ne jamais se remettre en question et réfléchir un peu. J'ai beaucoup tardé à me remettre en question, je ne le fais que maintenant. Ce n'est donc absolument pas une question de se préoccuper de la manière dont les autres le font, je n'en ai rien à foutre, des autres. C'est bien pour ça que je change pour moi. Je change parce que j'ai enfin la sagesse de faire autrement que le petit confort des habitudes que je connais depuis toujours.

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  3. Mais du coup , comment se fête Yule? *curieuse* un jour je te demanderais un cour sur tout ça! Je prendrais des notes et tout

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    1. Ah ça ! Je eux te parler sans problème des autres sabbats ayant lieu au long de l'année, mais pour t'expliquer comment Yule se célèbre, je ne suis pas la mieux informée. Il faut demander à la madame du dessus, The Graveyard Girl !
      Ceci dit, je ferai peut-être un article sur mon premier Yule. C'est tout de même un événement marquant, mine de rien.

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    2. Oh oui ce serait cool ! J'aimerais en voir plus !
      Mais faudra me parler de Sabbat , on se fera ça un jour ! XD

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  4. Article intéressant qui prête à la réfléxion.
    Et si tu commences à t'intéresser à notre alimentation, aux incohérences et aux aberrations auxquelles on se plie sans se rendre compte du mal que l'on fait (et je ne parle pas uniquement des animaux, mais aussi de notre propre pomme, et même à l'échelle planétaire) alors tu verras qu'il y a pas mal de choses à changer de ce côté là aussi! Mais le poids des traditions et du conditionnement n'est pas facile à lever.
    En tout cas, bonne désaliénation, et bon cheminement :)

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    1. Ah mais je ne veux absolument rien faire changer dans le monde ! Chacun sa merde, je ne suis pas un super-héros et je n'aspire aucunement à remédier aux injustices sociales et autres soucis du genre. Régler les problèmes et les incohérences de ma propre vie m'occupe suffisamment pour le moment. Je n'ai rien contre Noël ni les gens qui le fête, mais le célébrer est en totale inadéquation avec ce que je suis.
      Et, merci !

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    2. Ah non non, quand je parlais de "choses à changer", je parlais du niveau individuel, on est bien d'accord! x) C'est simplement que je comprends la démarche de vouloir vivre en adéquation avec soi-même et suivre ses propres aspirations.

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  5. Je comprends complètement ta démarche: c'est une quête d'authenticité, et c'est tout à fait louable.

    Par contre, je ne comprends pas pourquoi c'est Noël qui prend cher en premier, et surtout le sapin! Le Noël judéo-chrétien correspond "bizarrement" plutôt à l'ancien solstice païen, et il semblerait que les traditions de l'arbre de Noël et de la buche aient des racines bien antérieures à la célébration de la naissance du petit jésus ;) *Même principe sur le feu de la St Jean, d'ailleurs, mais passons...*
    Du coup, je n'ai jamais vu la période des fêtes comme une escroquerie; peut-être aussi car je n'ai pas ton allergie à la chrétienté. Mais j'aime à me dire que c'est une fête multi-millénaire, où toutes les sociétés occidentales, chrétiennes ou non, se sont toujours retrouvées face à leurs valeurs fondamentales. Faire la fête au coeur de l'hiver, pour céléber le retour de la lumière (les jours commencent à rallonger à partir de là, normalement). Pour dire que tout ne va pas s'écrouler, que la nuit va partir, que la vie va revenir, et que l'on est heureux près des siens, à se tenir chaud et à partager le peu qu'on a.

    Très sincèrement, la récupération commerciale est gerbante, mais comme je ne mets plus les pieds dans un supermarché depuis longtemps (la faute à ma propre quête de sens: bio et réduction de ma consommation de protéines animales !), à part quelques vitrines qui m'agressent, je le vis bien! Pis, je fais des zimtsternes, que je partage avec mes potes, pendant ce bon mois où je pense aux gens que j'aime (ma famille aussi, mais pas que), où on boit du vin chaud dehors par -10°C, où on mange du chocolat et des marrons glacés, et où on allume des bougies chez soi.

    Que revienne la lumière!

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    1. Je m'en prends à Noël en premier parce que c'est quelque chose qui a toujours eu une place très ─ trop ─ importante dans l'année. Très encombrante, étouffante même, quelque part. Il y a un tas d'habitudes qui y sont rattachées qui ne m'intéressent et ne me ressemblent vraiment pas.
      Effectivement, les chrétiens ont beaucoup repompé les traditions païennes, dont la décoration d'un arbre, les couleurs rouge et verte ou la bûche. Cette année et toutes celles qui suivront, je fêterai Yule à ma manière, pare que si je n'aime pas les rituels familiaux et les idées accompagnant Noël, j'aime énormément l'ambiance festive. Du coup, au lieu d'avoir un magnifique sapin qui coûte une petite fortune et qui finira à la décharge, je prévois de décorer des branches de chêne, de gui et de houx ramassées en forêt. Plutôt que de boire du vin blanc et du champagne comme d'habitude, je vais essayer de faire mon propre vin chaud. Et ainsi de suite. Changer ce qui ne me va pas, tout simplement. Parce que tu as bien raison et que la période de Noël, de Yule, de Hanukkah, ou peu importe son nom, reste un moment de célébration de la lumière, de joie, de festivités et de bonheur. Et c'est plutôt cool comme trucs, ça :>

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    2. Bah, je trouve ça super positif comme décision, alors! :)
      Non, mais je comprends ce que tu veux dire... c'est vrai que la pression sociale est forte parfois, et ça doit être la fête que l'on célèbre le plus dans toutes les familles.

      Oui, c'est l'occasion de bricoler plein de trucs sympas! J'aime bien l'idée de décoration beaucoup plus naturelle! perso, je trouve aussi les traditions nordiques et allémaniques vraiment inspirantes: belles, chaleureuses et plus ancrées que chez nous! J'essaye aussi de m'en inspirer, même si ce n'est pas du tout ma culture d'origine.

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  6. Je n'avais pas lu les autres commentaires au-dessus: j'arrive toujours avec un train de retard, désolée! ;)

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