lundi 3 juin 2013

Le Loliday, ce jour où tu te remets en question

  Samedi premier juin, c'était l'un des deux International Loliday annuels, un de ces jours où tu sors ta tenue préférée et où tu peux t'en donner à cœur joie si tu as envie de prendre le thé en levant le petit doigt tout en dégustant des macarons sur fond de Schubert. Je n'ai rien fait de particulier ce jour-là si ce n'est décuver de la soirée de la veille qui aurait pu s'apparenter à un genre de pré-Loliday (puisque nous étions entre gens fabuleux à danser avec grâce sur du Die Antwoord et à faire des essayages de vêtements, entre autres choses), et puis j'ai surtout réfléchi.
Ces derniers temps, je me pose un certain nombre de questions quant à mon rapport au lolita. Ce n'est pas que je ressente une perte d'intérêt ou quoi que ce soit de négatif du genre, loin s'en faut, mais je jette de temps à autres un coup d’œil furtif au passé et réalise que cela fait déjà quelques années que je porte des jupons et que depuis, c'est un peu comme si mon monde avait changé. Cela étant, il semblerait que je ne me sente pas encore tout à fait en phase avec le lolita. 
Il est 2h11 du matin, et je vais t'infliger un monologue introspectifico-exutorio-soporifique. Accroche-toi.


❖ " Être lolita avant de porter le lolita "
 Je crois qu'on peut distinguer plusieurs grandes lignes dans la façon dont les lolitas-to-be ont pris connaissance de l'existence de ce style et la façon dont elles l'ont perçu au premier abord. J'ai noté que nombreuses sont les lolitas qui déclarent avoir été lolitas avant de découvrir le style vestimentaire, en ce sens où leur mode de vie, leurs habitudes et leur idéal s'approchaient de quelque chose existant à leur insu - le lolita - et qu'il leur a donc semblé tout naturel de se diriger vers ce style lorsqu'elles le découvrirent. J'imagine donc que cela signifie que l'arrivée du lolita dans leur vie n'a pas modifié grand chose, leur garde-robe exceptée.
J'ai longtemps cru que j'appartenais comme beaucoup d'autres à cette vaste catégorie. Maintenant, je ne sais vraiment plus. En un sens, j'ai bel et bien été lolita très longtemps avant de porter des jupons et avant même de concevoir l'idée que des filles vivant au XXIe siècle pouvaient encore aimer et vouloir porter quelque chose d'aussi encombrant sous leurs robes : j'ai toujours adoré l'art, le thé et l'esthétique victorienne, on peut donc dire que mon lifestyle était lolita. Aujourd'hui, après plusieurs années en jupons et dentelles, je constate que mes anciennes habitudes de vie (celles qui étaient lifestyle, donc) n'ont pas énormément évolué : j'aime toujours l'art, le thé et l'esthétique victorienne. Ce qui est cependant apparu et sans lequel je vivais fort bien avant, c'est le matérialisme et le souci de l'apparence. Il y a trois ans, je ne me maquillais pas, je portais du goth européen, et je ne passais pas cinq heures minimum par semaine à me ruiner les yeux devant des fringues, je n'épluchais pas les sites japonais de seconde-main en quête d'une robe avec la même concentration et la même assiduité que celle que j'employais autrefois à des buts peut-être un peu moins futiles. Le lolita est une passion, certes, mais à part des amis absolument formidables que je n'aurais probablement jamais rencontré autrement, il ne m'a rien apporté. C'est déjà sacrément bien me diras-tu. Oui. Seulement, je réfléchis à toutes ces heures gaspillées à scroller de la robe sur le net, à observer des filles mal dans leur peau et dans leur tête déballer anonymement tous leurs soucis et leur méchanceté chaque samedi (un jour, j'écrirai une thèse sur le caractère pathogène du lolita), à me torturer l'esprit parce qu'on ne sait jamais si quelqu'un va surenchérir sur cette robe dont on rêve, à réfléchir à une façon d'assortir cette jupe avec ces chaussures... Et pour quoi au final ? Pourquoi s'encombrer d'un loisir aussi chronophage alors qu'il y a tant à faire et à découvrir à côté si l'on n'y trouve rien ? Je me sens bien en jupons, le nier serait mentir, mais je me sens tout aussi bien en short avec mes rangos de métalleuse et une pinte de bière en lieu et place d'une tasse de thé.


❖ L'art du paraître
"T'es grosse, t'as une dentition horrible, dégage du lolita", "Cette robe avec ces chaussettes, c'est juste immonde", "Ta jupe est trop courte, salope" et bien d'autres jolies phrases de ce type on en lit tous les samedi, elles ont été écrites par certaines lolitas à l'intention de certaines autres de leurs congénères random ayant eu le malheur d'avoir écopé d'une physionomie atypique (entendre par-là "ne pas faire un 36-38" et "ne pas coller aux canons actuels de beauté"). Ben oui, la très grande majorité des lolitas se prennent en photo et publient leurs tenues sur internet (je ne m'épancherai pas sur le profond désir de reconnaissance dont témoignent un bon petit paquet de lolitas, avec cette espèce de course à la célébrité parce qu'il semblerait qu'être famous soit le but d'une vie et permette à certaines de se sentir exister). Je veux bien qu'on tâche d'en défendre certaines en disant qu'après tout, yolo, elle porte ce qui lui plait, ou alors que ce n'est pas de sa faute si elle a un quadruple menton. Aucun souci avec ça. Sauf que quand tu publies ta tête sur le net, tu l'assumes. Tu assumes les éventuelles critiques qui peuvent t'être faites, tu assumes ton physique, tu assumes tes fringues de lolita, tu assumes tes choix. C'est comme ça la vie, dans la rue ou sur internet, les gens auront forcément un avis sur toi. Alors si ça ne te plait pas, serre les fesses, encaisse et ne viens pas te plaindre. Y en a marre des jérémiades. Fais comme dans ce texte de Novala Takemoto, érigé en sacro-saint écrivain-prêtre du lolita : tes dentelles sont ton armure. Et ton jupon est un air-bag contre tous les vilains impacts de ton quotidien.
Sauf qu'on est aussi une communauté. Le pourcentage de la population mondiale portant le lolita est infime, négligeable. Autant se serrer les coudes entre nous au lieu de se foutre perpétuellement sur la gueule, non ?


❖ L'inexistante moelle du lolita
 Ce serait chouette de pouvoir se serrer les coudes si seulement on avait quelque chose autour de quoi se rassembler. Qu'est-ce que le lolita sinon des vêtements ? Il n'y a pas de lifestyle, c'est de la fabulation, de la poudre aux yeux, une idée inventée pour se rassurer que le mouvement dans lequel on baigne n'est pas totalement creux. Je porte du lolita et j'écoute du black métal norvégien, j'aime le thé autant que l'absinthe et la Kwak, je tâche mes robes à 350€ avec du ketchup et de l'acrylique parce que je vis, je dis des gros mots même si j'adore Hugo et Kafka, et pourtant je suis une lolita lifestyle. Je revendique ce lifestyle, même si au final je crois qu'il s'agit d'un mot visant simplement à faire la différence entre une fille qui porte le lolita au quotidien et une qui ne le porte qu'occasionnellement. Encore un truc qui écartèle la communauté. Il y a celles qui se bagarrent pour savoir qui de l'OTT ou du Old School est le mieux, celles qui se disputent pour savoir si c'est lifestyle ou non, celles qui hurlent parce qu'être black et lolita tout comme faire du 42 et être lolita ce n'est pas envisageable, et un tas d'autres raisons idiotes encore. La seule chose qui rassemble, c'est les fringues. La dernière collection Moi même Moitié, le dernier print Angelic Pretty, la prochaine Tea Party Baby... Et après ? Le fait que le lolita n'ait pas de culture et ne soit formé sur aucune base solide ne permet pas d'avoir de discussion approfondie. Les goths discutent d'un genre musical et littéraire qui leur est propre, les lolitas pas fichues de penser à autre chose qu'à leurs sapes sont des aliénées. Voilà. Essaie de t'élever intellectuellement et de t'accomplir en tant qu'être humain plutôt que de te cantonner à ta simple apparence. C'est malheureux de gratter un bel emballage et de constater qu'il n'y a strictement rien en dessous.
J'en viens parfois à me dire que je n'ai pas envie d'être une lolita. Je n'ai pas envie de cette étiquette sans rien derrière. J'ai juste envie d'être. Les titres sont bien trop encombrants et je ne comprends pas leur signification. Si tu me croises un jour dans la rue tu diras probablement "tiens, une lolita". Tu m'aurais croisé la veille tu aurais dit "tiens, une new-wave", tu m'aurais croisé le lendemain tu aurais dit "tiens, une hipster". Si j'avais à me décrire, je n'emploierai pas une seule fois le mot lolita ; Je ne souhaite pas être reconnue en tant que telle.


❖ La lolita est un punk
 Oui. Parfaitement. C'est même cet aspect-là qui me plait le mieux dans le lolita et qui fait que je porte de la dentelle et des froufrous. Tu peux porter du lolita par amour de cette esthétique, ou tu peux porter le lolita par contestation. Pour ma part il y a un peu des deux, je crois bien. Je vais pas te parler du mouvement punk sinon ça me prendrait cent ans, mais en gros, le punk c'est un mouvement contestataire qui privilégie une très large liberté d'expression. La société dans laquelle tu vis t'ennuie ? Proteste tranquillement, dis le avec tes fringues, ta façon d'être et de te comporter. Et ça, c'est une idée que je retrouve dans le lolita. Proteste contre la société avec tes dentelles. Refuse ce que l'on veut t'imposer. Et puis il y a tout un tas de similitudes entre le punk et le lolita. Prends le DIY par exemple. C'est quelque chose qui a été inventé par le punk et que l'on retouve dans le lolita sous l'appellation du handmade, ce qui au final revient exactement à la même chose. L'idée de créer l'unicité, aussi. Pimpe tes items, invente tes accessoires et tes tenues, représente-toi à travers l'image que tu renvoies aux autres. Le lolita est un style relativement ouvert dans le sens où l'on trouve aussi bien du mignon et du sombre, du long et du moins long, du chargé et du sobre. C'est la même chose dans le punk, et puis peu importe au final pourvu que tu ne mettes pas de freins à ta créativité lorsqu'elle ne demande qu'à s'exprimer. Sois. C'est tout. A contrario du lolita, le punk a une culture, des valeurs, une idéologie. Mais bon, d'un point de vue tout à fait subjectif, j'aime bien percevoir le lolita comme ça, comme une forme d'expression, un truc finalement très artistique avec un tas de possibilités, un truc sans base solide ni valeurs, mais tant pis finalement.
Je crois, à la réflexion, que je porte le lolita parce qu'une iroquoise ne m'irait pas, que l'esthétique lolita est inspirante et que l'idée d'être une rebelle en jupon me plait franchement pas mal.


 Je n'écris jamais sur le lolita. Je n'arrive pas à avoir une réflexion dessus. Je crois que je n'ai pas envie d'avoir de réflexion dessus, ça ne m'intéresse pas, j'ai pas le temps pour ça. Mais là j'avais besoin de te raconter tout ça et d'écrire un monologue d'une traite entre 2h11 et 3h20 du matin, parce que c'est assez horrible d'enfiler un jupon quasiment tous les jours sans jamais se demander pourquoi on le fait, ni ce qu'on fout là-dedans. J'ai rien relu, c'est sûrement mal écrit avec des idées en bordel, mais fallait que ça sorte. J'espère que tu comprends.
Et puis bon, tant qu'on y est, voilà dans la foulée les pancakes que je me suis faits pour fêter le Loliday et ma tenue.


Robe : Millefleurs
Blouse : Baby, the Stars Shine Bright
Chaussures : Vivienne Westwood x Melissa
Collants : Gambettes Box
Sac : Monoprix
Bibi : Filippo Catarzi
Bijoux : Vivienne Westwood
Lunettes : My Little Box

16 commentaires:

  1. Ayant un lourd passé dans le milieu goth, j'ai toujours vu les lolitas (et plus particulièrement celles qui se revendiquent gothic lolitas) comme des enfants. La plupart avaient mon âge, mais mes conversations avec elles ne tournaient au final autour d'absolument rien, si ce n'est telle ou telle pièce de vêtement. J'ai toujours trouvé ça dommage, ce manque de substance. Je ne dis pas que les lolitas sont des imbéciles - loin de là, mais lorsqu'on vient d'un milieu où l'on débat passionnément sur les mythes païens, le fascisme et son incursion dans la musique moderne, ou les romans de Lovecraft, la question où as-tu acheté tes fringues elles sont trop belles ?! paraît presque illusoire à côté.

    Je me suis rendue à une Japan Expo il y a quelques années. J'ai assisté à un vrai pugilat autour d'une jeune lolita qui avait le malheur d'avoir la peau noire. Les remarques que lançaient les autres lolitas qui passaient près d'elle étaient les mêmes que ces gens qui parfois insultent les minorités, à coup de retourne chez toi et comment elle ose porter ça. Bien que la jeune fille incriminée semblait s'en foutre royalement, j'ai été choqué par tant de véhémence de la part de poupées aux cheveux soigneusement bouclés et aux robes si délicates.

    Heureusement, j'ai rencontré par la suite des lolitas qui réfléchissaient beaucoup sur leur raison d'être et de s'habiller. Des filles qui citaient des films, des livres, et qui prenaient du recul. Tu en fais partie, par ailleurs. J'aime ton approche parce qu'elle est réfléchie. Tes articles sur le lolita sont en général profonds car ils ne se contentent par d'assimiler le lolita et de le répandre naïvement. Ils réfléchissent sur ce point et revendiquent par là-même une certaine cohésion dans la démarche.

    Il y a quelques semaines se déroulait le International Goth Day qui m'a poussé à considérer le mouvement et à me positionner moi-même à son sujet. Je crois que c'est justement notre capacité à nous voir à travers un style ou une allure qui nous permet de mieux comprendre ce pourquoi nous sommes attirées par tel ou tel univers.

    Il est sept heures du matin et je ne pense pas avoir été très claire, en tout cas cet article est réellement intéressant, et ces pancakes ont l'air délicieux.

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    1. A l'époque où j'étais plus versée dans la scène goth, je me souviens avoir détesté les lolitas pour les raisons que tu évoques : un tas de gamines dont les seuls sujets de conversation tournent autour de robes, et surtout rien de gothique dans le Gothic Lolita. Et puis j'ai réalisé qu'effectivement, dans l'appellation gothic lolita, il n'y a de goth que le nom et une inspiration du look goth européen. C'est malheureux. Je t'approuve donc très fortement vis-à-vis des sujets de discussion lolita totalement futiles en comparaison avec la culture gothique.

      C'est vrai que le contraste entre l'apparence douce et soignée des lolitas et l'étroitesse de leur esprit est assez choquant. Ça me fait même beaucoup rire. Beaucoup semblent être pourries à l'intérieur. Il y a vraiment quelque chose de malsain et de malade dans le lolita. Il faudrait que je me penche sérieusement dessus, un jour.

      Merci pour les compliments. Il ne faut bien évidemment pas généraliser, beaucoup de lolitas sont aussi creuses qu'une citrouille d'Halloween, mais on en trouve également d'autres avec lesquelles il est tout à fait possible d'avoir une réflexion poussée et intellectuelle. Mon petit groupe d'amis dont je parle souvent ici, par exemple.

      Oh, j'ignorais qu'il y avait également un International Goth Day, mais ça ne me surprend pas. En tout cas je t'approuve une fois encore. Réfléchir sur soi-même, sa relation à une culture et/ou un style et prendre du recul, c'est ça qui fait que l'on n'est pas aliéné. Suivre pour des raisons aussi idiotes que "c'est une passion" et n'être pas capable d'argumenter derrière, c'est être aliéné. Et c'est juste bête. Et triste.

      Ne t'en fais pas, ton commentaire est bien construit et intéressant, j'aimerais être capable de faire preuve d'autant de lucidité à sept heures du matin.
      Merci beaucoup.

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  2. J'adore vraiment beaucoup cet article, j'm'y retrouve vraiment dans ta reflexion, et c'est clair que ça vaut le coup de se demander des fois, juste , "pouquoi". Personnellement je suis pas mal en retrait en ce moment au niveau d'la comm, j'porte le lolita un peu quand j'ai envie pis j'ai arrété d'me preoccuper decette ambiance de 3e guerre mondiale permanente super malsaine de la comm. Et je suis vraiment d'accord avec toi pour l'assimilation punk/lolita, en tant qu'ancienne punk je retrouve vraiment ça, mais dans un sens tout les styles alternatif ont cet heritage là, l'heritage du "J'ai pas à me plier à vos normes et mes vetement me servent de monde à moi". Justement j'ai toujours la peur qu'en grandissant on ai plus ça, un des truc qui me terrifie le plus ce serait de devenir une adlte "normale". Bref, voilà, pareil j'me relis pas désolé si j'ai fais des fautes ;)

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    1. Merci !
      J'ignorais que tu viens du punk, mais c'est vraiment chouette. Je pense que tu n'as pas à avoir peur de devenir "normale". Le punk a une idéologie dont on se sépare difficilement une fois qu'on l'a adoptée. Tu évolueras encore très certainement, mais tu auras toujours cette petite part de punk. Du moins, c'est ce que je crois et te souhaite.
      Je n'ai jamais vraiment été intéressée par la communauté lolita, et mon bref passage sur GL ne m'a rien apporté. Du coup, je ne suis pas malheureuse de m'en éloigner et de faire mon lolita dans mon coin également.

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  3. Bon, j'aime ta tenue, et tes pancakes ont l'air délicieux, mais ce qui m'a le plus marquée ici est surtout ta réflexion autour du lolita, et je vais essayer d'y répondre du mieux que je peux.

    #être lolita avant de porter du lolita.
    Je pense faire partie de ces filles qui se sont senties lolita avant de le porter, même si, ayant découvert le style à 10 ans, il m'est difficile de faire la part des choses. Ai-je aimé le vêtement parce que mon coeur d'enfant se sentait attiré par un passé mystérieux, ou me suis-je sentie attiré par le passé parce que j'aimais ce que m'évoquaient ces vêtements ?
    Je trouve le lolita également très chronophage mais heureusement en me coupant totalement des forums et des groupes FB j'ai réussi à retrouver un mode de vie à peu près sain, ou en tout cas un peu plus éloigné des écrans pendant mon temps libre. J'imagine que comme pour tout il faut parvenir à trouver un équilibre, le mien est un peu précaire mais pour le moment ça me suffit pour m'y épanouir sans avoir l'impression de gâcher ma vie sur le Net.

    #(je passe sur le paragraphe de l'art de paraître car je n'ai pas grand chose à y ajouter et je suis d'accord avec toi).

    #L'inexistante moelle du lolita.
    On arrive au passage qui me désespère, car oui, le lolita est vide, creux, alors qu'il possède un potentiel énorme. Ton discours me fait penser à celui d'une amie, ex-"lolita", qui a quitté la comm depuis plusieurs années et refuse toute assimilation au lolita en-dehors de la silhouette (je te passerai le lien de son blog d'ailleurs, je pense que tu le trouverais à ton goût, si tu ne le connais pas déjà).
    J'avais écrit sur mon blog en novembre sur ce sujet alors que mon désespoir sur le vide lolita atteignait son paroxysme, et j'avais écrit dans un commentaire que "Il ne tient qu'à nous, en tant que communauté, de créer quelque chose à quoi se rattacher". Sauf que la comm' s'en fout en fait. Alors tant pis. J'ai quitté la comm'. Et très franchement, depuis, je vis mon lolita beaucoup plus sereinement, d'autant que, paradoxalement, j'ai rencontré depuis des lolitas entières, avec "quelque chose" derrière le corset.
    Faut-il alors avoir cette espèce de retrait légèrement méprisant de "la masse ne comprend rien ?" Je trouve dommage d'en arriver là, d'autant que je ne me sens pas vraiment supérieure aux autres. Mais j'ai été déçue. J'ai juste l'impression que nous ne cherchons pas la même chose, malgré notre nom commun.

    Cette phrase, en fait, résume tout ce que je pense. "Mais bon, d'un point de vue tout à fait subjectif, j'aime bien percevoir le lolita comme ça, comme une forme d'expression, un truc finalement très artistique avec un tas de possibilités, un truc sans base solide ni valeurs, mais tant pis finalement."
    Et tant pis. Même si j'ai été déçue par la communauté, je suis contente de t'y avoir trouvée, et de pouvoir te lire.

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    1. Merci beaucoup Hana.

      Je suis bien d'accord avec toi, et de même, depuis que je me suis totalement lassée des forums et autres plateformes d'échange entre lolitas j'ai beaucoup plus de temps à accorder des choses un peu plus constructives. Il faut toujours trouver un équilibre, même si j'ai le sentiment que le lolita est un truc qui tend très aisément à tomber dans les extrêmes.

      Ah, je veux bien le lien du blog de ton amie, oui.
      Et, pareil, pour le communauté. D'autant plus qu'on porte le lolita avant tout pour nous, alors à quoi bon fréquenter une communauté ? Je crois que ce qui m'énerve profondément dans le communautarisme, c'est que les gens ont tendance à se mettre ensemble à cause de similarités de goûts, finissent par penser de façon commune et tendent à exclure du groupe tous les éléments qui en sont extérieurs. Le caractère élitiste me semble être particulièrement présent au sein du lolita, d'ailleurs. Et, non, en effet, nous ne cherchons pas toutes la même chose, nous sommes des individus distincts ralliés sous la bannière du lolita mais sans cause commune ni rien d'autre. Le lolita est un nom. C'est tout.

      Haha, moi aussi je suis contente de t'avoir trouvée :)

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  4. Yeah un tel pavé, je me dois de commenter!

    Alors alors !
    Et bah je pense que je dois faire partir des filles qui n'étais pas loli avant de le porter xD ou très peu de temps avant.
    Vue qu'avant ça j'étais en phase "petit bonhomme" en lançant à qui voulait l'entendre "JAMAIS vous me verrez en jupe" (aaah il est loin ce temps xD)
    Mais après dans la tête oui, j'aimais déjà les ballets et la musique classique, le thé et les cupcakes, mais comme tu dis, il n'y a pas tant de choses dans le loli à part ça x)

    Et pour moi le loli est carrément comme le punk, d'ailleurs quand les passants me demande pourquoi je le porte je le crie haut et fort "je ne me retrouve pas dans la société physique, je veux pouvoir porter des jupes longues et être chaste"
    Je suppose que c'est plus classe de dire ça plutôt que "c'est jolie j'aime"
    Après on est quand même des accros du shopping donc on s'éloigne de l'autre partie de l'idéologie punk ^^"


    Et pour les discutions, le soucis c'est que tu ne peux pas toujours débattre de choses intéressantes (donc souvent limite) avec des gens que tu ne connais pas comme ça o_o
    y'a le feeling tout ça tout ça xD y'a des gens comme toi dont j'adore entendre les histoires d'horreurs et de fantômes et trembler, et y'en as d'autre j'aurai beau les fois 100 fois je les trouverai toujours aussi creux ^^"

    M'enfin... bref je comprend tout ce que tu as dis ! Mais je trouve que la com'(même si elle sert pas à grand chose et est souvent sources d'ennuies)me distrait pas mal et alimente mes soirées au coin du feu x)))))

    Ps : ta tenue est badass madame !

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    1. Comme toi, j'étais un garçon manqué avant de connaitre le lolita. La simple idée de porter autre chose qu'un pantalon ne me paraissait même pas envisageable. Toutefois, j'étais déjà "lolita" en ce sens où j'affectionnais certaines choses considérées comme "lifestyle" aux yeux des lolitas (le thé, les pâtisseries, l'art et tous ces trucs-là). En découvrant le lolita j'ai naïvement cru que j'avais trouvé une communauté avec laquelle je pourrai partager une réflexion sur ces choses que j'apprécie et même en découvrir d'autres. Ben en fait, à part une minorité, que dalle.

      Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis à propos du punk. Bien évidemment le lolita n'est pas totalement comparable au punk, notamment vis-à-vis du consumérisme monstrueux caractérisant les lolitas.

      Certes, mais il y a un juste milieu entre parler de choses futiles et débattre de la vision du communisme selon Marx ou que sais-je encore. Je ne crois cependant pas au sacro-saint feeling très en vogue actuellement et que tout le monde invoque à tout va. Mais il est vrai qu'entamer une conversation sur un thème commun aux interlocuteurs aide toujours. Ensuite, s'il n'est possible de discuter de rien d'autre, autant s'arrêter. Ce n'est pas parce que l'on porte toutes des jupons que l'on doit nécessairement s'entendre et être amies.

      Merci en tout cas ! :)

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  5. Ce long article sur le Lolita est tellement véridique!
    Peu de lolitas méditent sur le sujet parmi le grand nombre de filles concernées...

    J'ai souvent, voire trop souvent, réfléchi à ce sujet également. Le résultat a été qu'il m'a semblé bon de m'éloigner des communautés, tout y est trop superficiel, faux et l'esprit n'est pas fraternel ni celui du partage général mais celui de compétition je trouve. Qui aura le plus de robes de marques, le plus de valentines, le plus de louanges, les meilleures photos et qui sera la plus populaire...
    Cela m'a valu beaucoup de dégoût et m'a fait m'écarter de cette communauté pour le plus grand bien.
    Il y a un esprit fraternelle dans certains groupes, des sortes de confréries où l'ambiance m'a l'air sympathique mais au fond je ne sais pas ce que c'est car je suis l'invisible dans le Lolita.
    Bref, cela fait des années que je suis dans ce "milieu", plus de 5 ans et je n'ai finalement aucune réelle attache, ou les autres n'ont pas réellement d'attache à mon égard. Et depuis tout ce temps je ne sais toujours pas ce qu'est l'essence du Lolita Day, et le pourquoi de ces deux jours dans l'année!

    Bref, je raconte mon ennuyeuse vie. Je m'en excuse.

    Bonne soirée Aliénor!

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    1. Ta vie n'est pas du tout ennuyeuse, ton expérience est même intéressante. Je partage ton sentiment à l'égard de la communauté, je n'y ai pas baigné longtemps, mais ce fut suffisant pour m'ennuyer et détruire totalement l'image glorieuse que je m'étais forgée du lolita à mes débuts. Ce qui m'a le plus choqué c'est cette course à la gloire que tu évoques. C'est d'une incroyable superficialité. Je comprends la démarche lorsqu'il s'agit d'adolescence, mais dès qu'il s'agit de jeunes femmes, ça me chagrine beaucoup.
      Je ne sais pas non plus à quoi riment les Lolidays et il me semblerait plus pertinent de célébrer cela le jour de la Sainte Dolorès comme le font les lolitas québecoises plutôt que deux jours ne correspondant à rien de particulier. Enfin bon...

      Merci pour ton commentaire, et bonne soirée (journée ?) de même !

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  6. Merci d'avoir pris le temps de coucher tout ça sur écran, je me retrouve vraiment dans ce que tu dis également, à mes débuts j'ai eu la chance de rencontrer des lolitas avec qui ça a tout de suite accroché et naïvement j'ai pensé que ce serait le cas avec toutes les lolitas, mais j'ai réalisé que derrière les fringues on n'avait pas forcément grand chose en commun et que j'avais eu du bol lors de ma première rencontre. Du coup je suis un peu triste de ne plus avoir trop l'occasion de faire des rencontres récemment mais en même temps j'ai peur de me retrouver face à des gens avec qui je ne m'entends pas et à qui il faut faire des politesses - moi sais pas faire.
    Cependant je réalise que je rate pas mal de discussions intéressantes parce que lolita est intéressant, c'est une démarche à part entière même si l'on n'est pas lifestyle (kikoolol mis à part).
    J'ai l'impression que la communauté a un peu éclaté en plus et qu'il n'y a plus d'endroit pour discuter vraiment avec des arguments construits et un esprit ouvert. Cela l'a toujours été mais j'ai vraiment l'impression que c'est plus que jamais un style consumériste et creux, alors que celles qui le portaient à l'origine avait des revendications. A cela, je préfère me définir comme otome à présent, que lolita, puisqu'il illustre mieux ma vision des choses.

    Enfin bref c'est dommage, alors qu'on s'éloigne petit à petit de l'OTT, que le classic reprend ses lettres de noblesses, la communauté continue de s'éteindre

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    1. Je ne puis que t'approuver et n'ai pas grand chose à ajouter à ce que tu dis là. La démarche est effectivement très intéressante et mérite que l'on y prête attention, mais j'ai l'impression que dans la plupart des cas, les raisons qui nous poussent à nous habiller ainsi sont assez futiles elles aussi. Ça s'inscrit à la fois dans un grand schème sociétal et dans le développement personnel de chacun, je crois bien. J'aimerais bien avoir des réponses sensées quand je demande aux gens pourquoi ils s'habillent plutôt de telle ou telle façon. On réalise souvent qu'eux-mêmes ne savent pas. C'est comme quand tu demandes à un étudiant pourquoi il étudie cette branche plutôt qu'une autre. Une très très large majorité va te répondre une connerie du type "c'est une passion", ce qui ne veut strictement rien dire et témoigne de l'aliénation dans laquelle on est. Enfin bref, là je digresse, désolée.

      Je n'ai jamais vraiment connu la communauté, mon passage sur GL s'étant avéré bref et n'ayant jamais réellement suivi EGL. Du peu que j'en ai vu et connu, c'est effectivement l'image de quelque chose de très consumériste, futile et finalement assez éphémère qui m'a été renvoyée. Et ça ne m'étonne pas que la communauté se désagrège puisqu'elle n'a pas de noyau.

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  7. A vrai dire je ne sais quoi répondre à ce magnifique article , à part qu'il m'a donné les larmes aux yeux. Je suis d'accord sur beaucoup de chose , notamment pour le côté chronophage.
    Personnellement je pense que le lolita m'a rendu profondément malheureuse. Plutôt que de me permettre de m'exprimer il m’enchaîne à un milieu. Si il me rend heureuse superficiellement parlant, je ne sais plus trop quoi penser.

    Quand au côté vide de la culture, je ne peux que te rejoindre, être rori ne veux pas dire seulement parler de dentelle et bouts de chiffon (bon on le fait 5 min quand on se revoit / rencontre, il faut bien un point d'accroche! ) Mais voila il faut savoir parler d'autre chose. Arreter de se limiter à une mode , mais bien à la personne qui est en face.

    Pour exemple une amie a fait une tp pour feter son retour en france , et elle s'est fait chier car ses invitées n'ont fait que parler potin de la comm , et ne l'ont même pas interroger sur ses 1ans d'absence !

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    1. Oh, des larmes, carrément ? é_è
      Je comprends ce que tu dis. Et ça ne me surprend pas, que le lolita t'ait rendu malheureuse. Moi ça m'a rendue débile, je crois bien. Je suis devenue tout ce dont j'avais horreur autrefois et me suis un peu égarée. Heureusement là j'essaie enfin de me retrouver. Bah purée, ça fait du bien.

      Et, tout à fait d'accord, parler de lolita à lolita ça va bien un temps, mais parler d'humain à humain, c'est tout de même sacrément mieux.

      C'est vraiment dommage pour cette TP. J'aurais fichu mes invités à la porte si ça ne tenait qu'à moi, haha. Mais c'est un comportement qui ne me choque pas énormément. Ça craint bien, donc.

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  8. C'est un très bel article, ton point de vue est très intéressant.
    Je m'attriste (bêtement) que le lolita ne t'aie apporté "que" des amies, et que tu ne veuille pas être reconnue comme lolita. Mais ce sont les deux seuls points sur lesquels je ne suis pas d'accord avec toi. (et encore, ce n'est pas vraiment un désaccord, nous ne vivons simplement pas le lolita de la même façon. -blablabla personne ne le vit de la même façon. Mon Dieu, je dis des choses si creuses ç_ç-)

    A mes débuts, je pensais que le point commun de toutes les lolita, c'était le lifestyle. Et pour moi, le lifestyle lolita, c'était la soif de culture, et la soif de bonheur, en dehors de ce que la société veut à tout prix nous faire désirer. Évidemment, la vérité en est très éloignée...Ce manque de culture commune, ce manque de "but" commun m'a fait mal au cœur. Et que dire de la compétition, des critiques ... A quoi bon être lolita si on reproduit les mêmes comportements malsains de la..."norme"?

    En tout cas, merci pour cet article.

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    1. Oh, ne t'en fais pas, il n'y a vraiment aucune raison de s'attrister. Je suis un être humain, pas une lolita. Je n’aime pas que l’on me colle dans une case. Je veux être moi, pas une lolita, ni une goth, ni une métalleuse ni quoi que ce soit d'autre. J'existe en tant que personne à part entière, indépendante de toute appartenance communautaire. Je pense que l’individu doit primer sur la communauté. Je crois bien que j'ai le communautarisme en horreur, tiens, d'ailleurs. Enfin bon.

      Et, je ne puis que t'approuver vivement lorsque tu dis "A quoi bon être lolita si on reproduit les mêmes comportements malsains de la..."norme"? ".

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