Il m'a souri, probablement parce que c'est un caissier aimable qui fait bien son travail, m'a parlé de karma quand je lui ai dit avoir oublié ma carte étudiante permettant d'obtenir une réduction, a froncé les sourcils en un air désolé, et d'une mine compatissante m'a tendu mon billet tarif réduit en me souhaitant " bon courage ". Je compris alors que je venais de trouver en ce brave caissier un véritable frère.
Je ne te résumerai pas les épisodes précédents, cet article étant déjà suffisamment laborieux à rédiger.
Le film s'ouvre sur un fondu noir, et en voix off, Robert qui essaie de philosopher en parlant de démons qu'on créé soi-même, en pâte à modeler ou je ne sais pas trop quoi. Le bousophile averti sait bien que dans ce genre de cas, il y a 99% de chances que le plan suivant soit un flash-back. Ce que toutefois même le plus averti des bousophiles ne pouvait prévoir, c'est le décès de ses tympans dans la seconde qui suit. Lecteur,
laisse moi te faire partager ce bonheur. Sur ce mélodieux fond de dabeudidabeudah s'ouvre donc un petit-flash back, et nous voilà à l'aube de l'an 2000, dans une petite soirée hype où l'on retrouve Robert et une conquête éphémère qui le conduit dans sa chambre pour lui
"montrer le sujet de ses études", sans toutefois trop en faire parce que dites donc, il ne faudrait pas que la bougresse passe pour une fille facile. En prenant l’ascenseur, ils croisent un type louche, le stéréotype du scientifique pas tout à fait stable dans sa tête : cheveux longs, moche, boiteux et presque bossu pour compléter le tableau, au cas-où le spectateur serait trop con pour saisir que ce type-là, c'est un type qui a l'air sympa mais un peu naïf avec une certaine tendance à se faire marcher sur les pieds. Et ce type donc, il s'appelle Killian et suit de près les études de la conquête de Robert. Ce dernier, qui n'a pas trop trop envie de se faire piquer sa proie par un geek bouseux à lunettes, fait mine de s'intéresser à lui et lui donne rendez-vous sur le toit dans 5min.
Cinq minutes plus tard le bouseux est sur le toit et Robert dans la chambre de sa copine, qui a carrément ramené un mini-labo le temps de la soirée, parce que quand on est un vrai scientifique on ne rigole pas et on bosse même le soir du nouvel an. Et ouais. On apprend que les recherches de la madame se concentrent sur un ficus mutant, avec les capacités de régénération de Wolverine et les pouvoirs de la Torche, parce que c'est vrai que régénérer l'ADN c'est plutôt sympa, mais si en plus on peut faire monter la température corporelle du cobaye jusqu'à 3000°C, c'est totalement inutile mais ça pimpe le tout, m'voyez. Le ficus est d'ailleurs malmené par le garde du corps de Robert, personnage pouvant se résumer à un gentil nounours (avec tout ce que cela implique, soit le Q.I également) fan de
Downtown Abbey. Au bout d'un moment d'irrespect envers le ficus, ce dernier, un peu vexé, explose. La madame considère ça comme un bug normal, et peut alors envisager une partie de jambes en l'air avec Robert.
-
" C'était quoi cette explosion énorme, là ?
- T'occupe, c'est mon ficus.
- Oh, d'accord. Mais euh, c'est pas un petit peu dangereux quand même ? Par exemple si ça tombait entre de mauvaises mains, comme celle d'un patron machiavélique de Jardiland ?
- Non. Baise moi maintenant.
- Ok ".
Le lendemain, Robert abandonne la madame en bon coureur de jupons qu'il est, on ne sait pas ce que le geek est devenu, il s'est probablement suicidé ou pire, est peut-être reparti danser sur du Eiffel 65. Après cela, retour au présent avec une enfilade de faits pas super intéressants comprenant un lapin en peluche géant, un Robert qui ferait bien de consulter un psy pour remédier à ses crises d'angoisses car traumatisé par l'épisode
Avengers (comme je te comprends, Robert. Moi non plus je n'ai pas très bien vécu cela) et Pepper, la femme de Robert, qui se fait gentiment dragouiller par l'une de ses vieilles connaissances, un certain Killian. Oh wait. Se pourrait-il qu'il s'agisse du bouseux du début du film ? C'est fou comme le monde est petit. Sauf que, oh, surprise, de geek pitoyable, Killian est passé à homme "classe" (je mets des guillemets parce ce qu'il ose quand même porter un costard hideux à carreaux) en costume et cheveux gominés. En plus il ne boite plus et a échangé sa canne contre trois petites billes qui se transforment en écran tridimensionnel, parce que c'est nettement plus classe, et plus efficace en matière de drague. D'ailleurs, il doit être champion de pétanque, vu la dextérité avec laquelle il balance ces petits trucs qui retombent toujours en un parfait triangle. Le coquin fait visiter virtuellement l'intérieur de son cerveau à Mme Robert (on notera qu'il n'y a d'activité que lorsqu'il se fait pincer ; Killian est donc une huître amorphe, CQFD) et lui propose de bosser pour lui, sauf que non
"merci bien, mais j'ai pas que ça à foutre de visiter l'intérieur de ton cerveau mon petit Killian". Bien dit. Pendant ce temps, Robert se la joue beau-gosse en remuant son booty au son d'un atroce remix de
Gingle Bells histoire de continuer dans les plaisirs auditifs, et espionne sa compagne avec l'aide de son ours-garde-du-corps parce que personne n'a jamais prouvé qu'une confiance mutuelle pouvait aider un couple à durer. Il bricole aussi une nouvelle armure sobrement baptisée Mark 47 dont chaque bout est téléguidé et capable de rejoindre Robert peu importe sa position sur Terre, après tout ce n'est pas comme s'il en avait déjà une dizaine qu'il pourrait perfectionner.
On ne sait pas trop bien pourquoi non plus, mais une vague d'attentats sévit un peu partout, et un type louche nommé
Le Mandarin qui n'a en fait de mandarin que le nom et les frusques s'amuse à pirater la télévision et à faire péter des bombes de ça de là parce que son petit kiff dans la vie, c'est de tuer les gens et vouloir
"donner une leçon à l'Amérique", voilà. D'ailleurs, Robert le dit lui-même,
"tout le monde a besoin d'un hobby". Chacun son truc, c'est tout ; après tout, qu'est-ce que ça a de fondamentalement plus louche que de construire des armures téléguidées dans son sous-sol, hein ? Cependant, si j'étais Ben Laden et que j'étais encore vivant à l'heure actuelle, je planifierais très certainement un attentat envers le crétin qui a eu l'idée de représenter le terroriste n°1 de la planète de la sorte. Non, sérieusement : le blingbling de Joey Starr + la tête de Gandhi + la barbe de Raspoutine + la garde-robe de Jet Li + Valérie Damidot en voyage à Pékin = Le Mandarin. C'est vrai qu'un nord-africain déguisé en chinois qui fait des vidéos moches façon gamin qui filme avec le caméscope parental, on a très envie de le prendre au sérieux ; sait-on jamais s'il nous refile un fortune-cookie fourré au TNT...
|
Un chinois se cache sur cette photo. Sauras-tu le retrouver ? Attention, il y a un piège. |
A propos de TNT, grâce à une scène où l'on suit le nounours-garde-du-corps dans un bout de Chinatown (parce qu'en tant que garde du corps travaillant pour une titanesque entreprise à échelle mondiale il n'a que ça à faire, oui oui), on découvre qu'à l'origine de ces attentats se trouvent une bande de mutants enflammés comprenant notamment un insupportable petit chauve mâchouillant éternellement un chewing-gum, à croire que c'est un extraterrestre de
Mars Attacks : s'il arrête de ruminer, il crève. Bref. Là, le nounours espionne le bovin qui apporte très discrètement une petit valise à un clodo posé là en lui affirmant que
"c'est d'la bonne, sisi gros la famille". Le nounours marche vers le clodo et lui rentre dedans comme dans tous les films pour faire genre
"je vais te bousculer, ta valise va s'ouvrir et je vais te piquer le contenu, hahaha" sauf que non, c'est juste ridicule, la rue est déserte et un nounours en costume bouscule un clodo en plein Chinatown sans que personne ne s'inquiète de rien ; normal. Du coup, pof, la valise s'ouvre en laissant s'échapper son contenu.
-
"Oh, pardon monsieur, désolé de vous avoir bousculé.
- Mais non mais non c'est de ma faute.
- Je vous en prie c'est moi. Permettez-moi de vous aider à ramasser votre camelotte.
- C'est bien aimable à vous cher monsieur.
- Je vous en prie mon brave, c'est tout naturel, et si je peux piquer un de ces bidules échappés de votre seyante valise au passage, c'est pas mal non plus. Passez une bonne journée surtout !
Bon alors, qu'est-ce que c'est que ... Oh, ça alors ! Une pointe de flèche asgardienne fourrée au sucre pétillant comme quand j'étais gamin ! "
Et là, boum, explosion, tout le monde meurt, sauf le nounours qui a apparemment fait un beau jet
en résistance à la chaleur. Non parce qu'on apprendra quand même plus tard que lors d'une explosion, la chaleur monte à 3000°C degrés et carbonise tout. Et oh dites donc, c'est sacrément rigolo ça, ne dirait-on pas un peu le flashback du début ? Ça alors, ce serait quand même dingue. Quoi qu'il en soit, le nounours n'est que salement amoché - ce qui n'est pas grand chose au final - et tente d'agripper un dog tag se trouvant un peu plus loin. On notera que le dog tag en métal a quand même quelques petites égratignures et que le nounours fait de chair et de sang n'est pas particulièrement en pire état. Après tout, tout le monde sait bien que la peau humaine est bien plus résistante que l'acier. Le Mandarin revendiquera ensuite cet attentat. C'est vrai que faire péter 30m² de Chinatown, ça va bouleverser l'Amérique, quel dangereux terroriste alors ! Mais bon, quand Robert apprend que son pote le nounours est dans le coma, il n'est pas content du tout. Alors il passe une annonce à la télé :
"Mandarin, je ne suis pas content du tout ! Je vais te coller mon poing sur le nez et je parie que t'as même pas les couilles de venir te mesurer à moi à mon domicile dont voici l'adresse, wesh". Après cela, Robert s'en va dans son sous-sol étudier les données dont il dispose sur Le Mandarin (diantre, à force de l'écrire, j'ai presque l'impression d'avoir affaire à un nom de catcheur mexicain.
El Mandarin. Avoue, ça le fait bien). Bon, alors, ensuite, c'est mind fuck en puissance : Robert demande à son logiciel Jarvis de reconstituer la scène. On nous balance un tas d'effets spéciaux (y a toujours des effets spéciaux pour palier à l'absence de logique et au fait que les scénaristes écrivent avec leurs pieds) et je ne demanderai pas comment une reconstitution aussi précise de la scène est possible alors qu'il n'y a aucune caméra (quand bien même il y en aurait, je doute qu'elles aient pu résister à une explosion de 3000°C. Oh, ah, peut-être que si en fait, comme le nounours et le dog tag ont survécu...). Bon, bref, Robert se la joue NCIS et zoome sur le regard du nounours pour découvrir qu'il pointait du doigt un dog tag appartenant à un mec qui a explosé de l'intérieur en le laissant intact même si tout a brûlé autour et sur lequel est inscrit un nom. Chic, une piste.
Et là, on sonne à la porte. Surprise, c'est la copine botaniste coup d'un soir qu'on avait croisé treize ans plus tôt qui se ramène pour lui dire un truc a priori tellement important qu'elle n'aura bien entendu pas le temps de l'articuler puisque voilà trois hélicoptères qui arrivent en bombardant la maison de Robert. Il l'avait cherché, quand même. Et puis bon, c'est vrai que repérer trois hélicoptères, c'est beaucoup plus compliqué que de retrouver un dog tag. Et là, les murs volent, Robert envoie la Mark 48 sur Pepper afin qu'elle soit protégée et puisse sortir de la maison avec la botaniste. Hm, sinon, n'y aurait-il pas une colonie d'armures au sous-sol qui auraient éventuellement pu servir ? Non ? Bon. On continue dans le très rigolo avec une armure dont tous les bouts fonctionnaient à merveille la scène précédente et qui cependant, d'un coup, tombe un peu en panne, mais Robert finit finalement par dézinguer deux des hélicoptères et s'envole très très loin, tandis que le troisième et dernier hélico rentre tranquillement chez lui, piloté par le type qui mâchouille sans arrête du chewing-gum. Rien de plus normal après tout, ce n'est pas comme si un bombardement venait d'avoir lieu à une adresse qui a été diffusée à la télé et qu'envoyer l'armée régler son compte au Mandarin s'avérait être totalement infaisable. Faudrait voir à ne pas trop déconner non plus.
Bon. Le reste du film n'est pas plus intéressant ni mieux construit, même qu'ensuite Robert arrive dans un coin paumé et enneigé, et oh merde, plus de batterie dans son armure. Sinon mon petit Robert, t'as un réacteur en plein milieu des pectoraux sensé servir d'alimentation à tes armures dans les épisodes précédents, mais c'est pas grave, hein.
Et nous n'en sommes pas encore à la première heure de film spoilée que j'en ai déjà marre. Tu m'imagines continuer, lecteur ? Moi non, je n'en peux plus et si je continue à tenter de me rappeler ce film, je vais terminer allongée sur le sol à gesticuler dans tous les sens. Toute l'histoire au final est basée sur la frustration de Killian, et comme il était frustré il est devenu méchant et soudainement moins moche (mais quand même avec des costumes à carreaux). Et comme il est très malin, il a embauché un acteur pour qu'il joue un terroriste fan de cosplay moche (pléonasme, je sais) super crédible. Dans tout ce bordel, Robert a oublié ses médicaments dans une poche de l'une de ses armures et fait tout un tas de petites crises d'angoisses. Heureusement que dans les scènes bonus après le générique il pense à consulter. Heureusement que la logique arrive une fois que le film est terminé, dites-donc. On croise aussi un gosse qui vit avec sa mère, mais au final il ne sert pas à grand chose sauf à te rappeler que, oui, en plus d'
Iron Man, il y a les
Avengers et que, oui, hélas, l'épisode deux sort bientôt. Ce gamin est l'incarnation du Diable, en fait. Pour continuer dans les gentils personnages secondaires, il y a aussi Iron Patriot, celui qui fait du cosplay crossover Iron Man x Captain America. On se rend compte que son rôle principal, c'est être tantôt un boulet, tantôt le faire-valoir de Robert. Et dans tout ça, hello le placement de produit, mais bon, ça encore, ce n'est pas trop grave. Ce qui est grave, c'est la scène de fin. Ce ballet final où tu te dis
"Kamel Ouali Spotted" tellement les armures rappliquent toutes d'un coup en commençant à valser et que si tu plaques
une musique de ce type sur ce passage, ça ne choque même pas. D'ailleurs, pourquoi ce n'est que maintenant qu'elles arrivent, les armures ? Dès qu'on savait que c'était Killian le méchant ça aurait peut-être été bien, non ? Ah ben non pardon c'est vrai, on aurait perdu une heure et demie de film, sinon. Le seul truc positif, c'est qu'avec cette scène, tu te dis que
c'est bientôt la fin. Non bon, allez, j'arrête de te maltraiter les oreilles, même si c'est quand même tout ce que ce film m'inspire.
________________________________________________________________________
Je suis sortie de la salle en me jurant que c'était la dernière fois que je m'infligeais un film du genre. C'est tout.
Et là, rien qu'à relire cet article, je souffre. La prochaine fois, il faudra me payer pour aller voir un Marvel.