dimanche 21 avril 2013

La sortie du dimanche - No

   Je n'ai pas eu l'occasion d'effectuer de sortie culturelle ni de visionner le moindre film depuis un bon moment, cela fait donc trois semaines que ce blog n'a pas vu sa chronique du dimanche ; ce n'est pourtant pas faute d'adorer la rédiger. Vous avez donc amplement le droit de jeter des objets contondants à mon emploi du temps et à ma désorganisation. Pour me faire pardonner, je vous promets d'aller m'infliger Iron Man 3 prochainement, histoire de rédiger rien que pour vous un bel article aussi élogieux que celui que j'avais pu écrire pour Le Monde fantastique d'Oz et le Hobbit, parce que je sais que vous aimez bien les trucs un peu incisifs comme ça, quand même.

  No, de Palo Larrain est sorti il y a un moment déjà, mais comme être ponctuel et à jour c'est tellement mainstream, je ne suis allée le voir que ce weekend, au Louxor, ce fabuleux cinéma des années 10 à Barbès qui est l'un des plus anciens de Paris et qui après 30ans de fermeture vient de rouvrir ses portes, entièrement rénové. Si vous en avez l'occasion, passez-y jeter un œil ; le fabuleux de l'endroit en vaut le coup, a fortiori si l'Égypte et les pharaons, ça vous parle bien.

Je ne pense pas que vous soyez au courant, mais j'ai un intérêt assez vif pour les dictateurs, même que je travaille un peu dessus dans le cadre de mes études. Du coup, un film qui parle du Chili de Pinochet, il fallait bien que je le visionne tôt ou tard. No se place donc dans le Chili de la fin des années 80, quelques temps avant le fameux référendum mettant fin à la dictature. On suit le travail de René, un jeune publicitaire un peu du genre grand gamin en charge de la campagne pour le "Non", parce que si l'on sait comment Pinochet est arrivé au pouvoir, on sait peut-être un peu moins bien comment il l'a quitté, bien que cette campagne fut particulièrement médiatisée de part et d'autre du globe. Le sujet du film n'est pas tant de savoir qui de la démocratie ou de la dictature est la meilleure que la campagne elle-même. C'est donc à travers les yeux des opposants que le spectateur est invité à suivre les événements. On découvre que personne dans le pays ne croyait  la victoire du "Non" jusqu'à son élection finale, et que ce n'est pas parce que le peuple chilien avait soif de liberté que la dictature a pris un terme, mais parce que la campagne pour le "Oui" était minable, reprenant tous les poncifs de la dictature, de l'intimidation aux menaces de mort envers les opposants, ces derniers redoublant toujours de créativité, menant ainsi une révolution pacifique, pop et joyeuse placée sous un logo arc-en-ciel.
Les acteurs sont très bons et apportent une grande sensibilité aux personnages qu'ils incarnent. La photographie quant à elle s'inscrit particulièrement bien dans l'ensemble de l’œuvre, puisque tout est tourné avec une caméra datant de l'époque à laquelle se déroule le film, dans un format 4/3 et se mêlant à merveille aux documents d'archive. Palo Larrain propose avec No, le troisième volet de sa série chilienne consacrée aux années Pinochet, un superbe docu-fiction révélant la logique et les mécanismes factieux de la publicité.

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