mercredi 4 juin 2014

Les warriors désenchantés du Pokémon Center


  L'événement Pokémon parisien du mois ─ de l'année. De ta vie. ─, c'était l'ouverture du premier Centre Pokémon sur le vieux continent (dit comme ça t'as presque l'impression que tu vas assister à la naissance de Dark Vador tellement ça sonne épique), le genre de truc qu'internet t'a teasé un mois à l'avance en te rendant tout humide à grands coups de goodies dingues et de photos exotiques des Pokécenters japonais, paradis pour les fans et véritable enfer pour ta carte bleue. L'annonce de l'ouverture prochaine d'une version française et éphémère d'un de ces terribles lieux de tentation sonnait donc théoriquement le glas du compte en banque d'une génération de dresseurs ayant grandi des Pokéballs dans les poches et des consoles à la main (ou l'inverse, on s'en fout.)
A l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas dormi depuis un bon bout de temps et mon cerveau est encore tout engourdi suite aux péripéties que je m'apprête à te raconter, je te prie donc de bien vouloir excuser ma syntaxe et ma grammaire plus qu'approximatives. Et puis comme d'hab, clique pour agrandir les photos (t'façon je sais que t'es là surtout pour les photos, me mens pas.)

 On nous avait annoncé un Pokémon Center, le premier d'Europe. On nous avait annoncé des goodies, un espace consacré à une exposition d'artworks, la présence de Masuda pour l'inauguration et la possibilité d'acquérir un Prismillon exclusif (ces petits Pokémon papillons revêtant tout un tas de motifs en fonction de leur continent de naissance, rendant ainsi fous les collectionneurs). Je ne m'étais pas imaginé un truc dingue, juste un truc normal, du niveau d'un Pokécenter japonais mais en probablement moins fourni, les normes variant d'un pays à l'autre couplées aux trois semaines durant lesquelles le pop-up store ayant prévu de s'installer réduisant nécessairement la quantité de goodies disponibles. J'imaginais surtout des peluches et des bidules useless, parce que les goodies, c'est quasiment toujours délicieusement useless (même si bon sang, il y a bien peu de choses que je ne vendrai pas pour un casse-noisettes Cizayox, un broyeur à ordures Kraknoix ou de l'électroménager Motisma). J'avais espéré très fort trouver quelques items à l'effigie de mes Pokémon préférés. Il se trouve que j'avais trop espéré et trop imaginé.
Gros événement oblige (le premier Pokécenter en Europe, ma gueule. Tu réalises ça ?), les pokéfans étaient en ébullition, et, ayant tendance à vivre les choses à fond et à m'emporter dans ma fougue, avec Sandra ainsi que mon ami et confrère breton Arthur de passage à la capitale, nous avions prévu de camper la veille au soir afin d'être les premiers à fouler ce lieu de débauche capitaliste (ouais, nous on est comme ça, on est des oufs). Il se trouvait que la veille avait justement lieu l'inauguration VIP, rassemblant tout le gratin des communautés Pokémon françaises. J'ai tenté de me faire autoriser l'accès, en vain. Malgré cela, la vitrine laissait largement voir ce que la boutique contenait ─ et quel contenu décevant ─ et les quelques visages familiers parmi les invités eurent vite fait de confirmer notre déception. Le panel de goodies vendus semblait excessivement réduit et peu original puisqu'il est possible de se procurer pratiquement les mêmes items à la Fnac (non pas que je sois une grosse capitaliste victime du consumérisme ambiant et qui attendait uniquement de pouvoir agiter sa carte bancaire la bave aux lèvres, mais un peu quand même), et côté expo, personne n'avait l'air très emballé des éléments exposés non plus. Bon.

 La météo annonçant de la pluie et Châtelet de nuit étant assez ghetto, on a décidé d'aller camper chez moi ; Il y fait plus sec et chaud, et en plus y a du thé. L'idée de départ était de faire une nuit blanche, tenus en haleine par des épisodes de l'anime Pokémon et des heures passées à jouer, mais le sommeil ayant vite gagné mes compères, j'ai fini par les réveiller pour nous rendre au centre vers 7h du matin après avoir frugalement souhaité un bon anniversaire à Sandra. Il y avait encore très peu de monde, il pleuvait des cordes, Sandra avait des sandales, on avait froid, mais on était tous frétillants d'impatience.
 
Les petits macarons swag offerts aux VIP. Gnnn.
Un bout de la très chouette collec de Samy. Gnnn bis.

  Au fur et à mesure que la pluie trempait nos fringues (c'était une pluie diluvienne à cheval entre la mousson et le déluge, je ne sais pas trop. Dès 8h du matin, c'est top), la foule se faisait de plus en plus dense et s'étira jusqu'à loin sur la rue de Rivoli. Et c'est là que tu réalises que Pokémon a beau être un jeu pour gamins, la moyenne d'âge devait être de plus de vingt ans. Genre les kids des années 80/90, ceux qui s'échangeaient des cartes Pokémon à la récré et qui n'ont pas décroché depuis. Notre génération, quoi. Mais pas que. Je t'en ai déjà parlé, mais c'est ça qui est cool avec Pokémon, ça touche tout le monde. Et puis, c'était sympa de chanter en cœur des génériques cultes de l'anime en patientant sous la flotte, de croiser Masuda un sourire de ravi japonais lui fendant le visage, et de se plaindre que "rah putain, quel temps de merde ! Ça ouvre dans combien de temps ? Encore une heure et demie ? Fait chier". Non, vraiment, l'ambiance était cool, tu sentais bien l'armée de gros gamins heureux et trépignant d'impatience.

Début de la queue. La fin est un pâté de maisons plus loin.

 Bon, on a quand même fini par rentrer, un peu en mode THIS IS SPARTAAA certes, mais on est rentrés les premiers, régulés finalement au goutte à goutte par un vigile. J'avais rêvé de mon Grenousse taille réelle, je l'avais fantasmé, je me voyais déjà l'embarquer dans de folles aventures. En posant le pied dans le magasin c'était no brain : j'ai foncé sur le gros Grenousse. Mine. My precious. Ne le lâchant plus, l'esprit enfin tranquille, j'ai pu m'intéresser au reste des choses. Comme on l'avait vu la veille, les goodies étaient limités, autant dans le choix que dans les stocks. Une petite dizaine de Pokémon différents était disponible à l'achat sous forme de figurines ou de peluches (mais bon nombre de Pokémon cultes de cette génération manquait à l'appel ; J'aurais adoré croiser un Psystigri ou un Nymphali), quelques tshirts, des mugs, des mangas, des cartes postales sympa, des decks et des boosters, bref, rien de très exotique ou de très utile. Pokémon X/Y plaçant son intrigue au cœur d'un endroit imaginaire très librement inspiré de la France et dont la capitale ressemble étrangement à Paris, j'admets avoir espéré pouvoir dénicher un ou deux objets exclusifs typiques créés spécialement pour l'occasion, genre un porte-clé Pikachu sur une Tour Eiffel comme le suggérait Sandra, ou une boule à neige dans la même veine comme Arthur en eu l'idée. Une connerie, n'importe quoi, juste un machin un peu unique. Tu me diras, le machin unique, c'était le Prismillon distribué. Certes. Mais je crois que j'aurais préféré une petite babiole matérielle, un petit souvenir de collectionneur ; Le Prismillon, j'ai déjà prévu de le cloner et de le distribuer aux non-parisiens et aux étrangers dans l'impossibilité de se déplacer sur Paris pendant la durée de l'event parce qu'on est comme ça dans la comm pokémon tu vois, alors bon. D'ailleurs si jamais tu en veux un, fais-le moi savoir, on s'arrangera.

Le stock en un jour a dût être dévalisé.

  Au-delà du côté purement mercantile qui constitue tout de même le principal intérêt d'un Pokémon Center basique me semble-t-il, il était possible d'apprendre à dessiner Pikachu ainsi que les starters de la 6G par le biais d'une vidéo tutorielle. Bon, aucun intérêt quand on a plus de huit ans, mais pour les gamins j'imagine que le petit coin aménagé de tables, de coloriages et de crayons de couleurs pouvait s'avérer divertissant.
Ce qui était intéressant que tu sois un gosse de huit piges ou un gamin de vingt ans, c'était l'espace réservé aux artworks. Enfin, intéressant dans une certaine mesure ; De chouettes dessins étaient présentés, pas beaucoup et pas originaux pour la plupart d'entre eux, mais les quelques dessins authentiques étaient mignons à voir et puis bon, c'était joli, au moins. J'aurais peut-être aimé en apprendre un peu plus sur le processus créatif que d'avoir une définition de ce qu'est un Pokémon, mais whatever. Les illustrations des versions Noire/Blanche et X/Y étaient franchement pas dégueu du tout.

Le fameux Prismillon exclusif à péchoter.

  Ce premier Pokémon Center sur le sol européen a fait couler pas mal d'encre, beaucoup de personnes provenant des quatre coins de la France, de Belgique, d'Allemagne et de probablement plus loin encore ont fait le déplacement uniquement dans le but d'assister à son ouverture tant on en parlait comme l'évènement à ne pas louper, et il me semble que le mot que j'ai trouvé le plus souvent pendu aux lèvres fut la déception. C'est vrai quoi, on en a fait tout un pataquès, on nous a teasé avec des images de Pokécenter tokyoïte, tu m'étonnes qu'on soit un peu tristounets devant si peu d'exotisme. Cela étant, c'est bien mieux que rien, et si jamais il advenait que cette boutique pop-up vienne à s'installer pour une période plus longue dans la capitale, je suis convaincue que les stocks s'étofferaient et que ça pourrait être carrément plus chouette.
Ce qui était surtout chouette, c'était le thrill de l'attente, l'impatience mêlée à l'appréhension, les conversations dans la queue, les babillages échangés avec autrui dans un éclat de rire, les sourires sur la tronche des gens. Parce que moi, je peux te dire que j'ai un putain de sourire scotché sur la gueule depuis que j'ai mon Grenousse et que j'ai revu des pokébros et rencontré d'autres gens sympas.

Arthur et ses biiatch.
On a SI PEU l'air crevées. Même mon Grenousse tire la tronche, tavu.

 Non, vraiment, on n'a pas trop à se plaindre, c'est plutôt cool qu'un event Pokémon de ce type ait eu lieu en France. Ça n'était certes pas au niveau des fantasmes nippons qu'on avait pu se forger et le fait que ce centre ne propose que du merchandising X/Y se justifie simplement très bien par la géographie du jeu, même si oui, on est nombreux à avoir comme Pokémon favori une bestiole d'une génération plus ancienne, normal. J'ai passé un bon moment grâce à l'ambiance et aux gens, je crains cependant qu'en l'espace d'une journée on ait liquidé une partie conséquente des stocks disponibles étant donné que certains items sont limités à un certain nombre de vente par personne. J'ignore combien de visiteurs ont foulé le sol du Pokécenter en son jour d'ouverture, mais wow, la queue était vraiment démesurément longue et ne diminuait pas. Cependant, au vu de la déception généralement ressentie, je suppose qu'à force de tweets, de statuts Facebook et de posts de blog cette semaine, la fréquentation du centre ne va pas être astronomique dans les jours à venir.
Si jamais tu as envie d'aller y faire un tour, télécharger le Prismillon exclusif, claquer de la thune dans des produits aux prix raisonnables (vraiment, personne n'a été choqué, c'est très correct. Il faut compter 7€ pour une figurine, 12€ pour un mug, autant pour une petite peluche, 30€ pour une moyenne et 40€ pour celles en taille réelle), claquer la bise à Pikachu à défaut de Masuda, ou juste claquer ton temps, le Pokécenter sera là jusqu'au 21 juin, de 10h30 à 19h30 tous les jours de la semaine juste là :

CRÉMERIE de PARIS (Hôtel de Villeroy)
11-15, rue des Halles – angle 9, rue des Déchargeurs

Y a ma gueule sur cette photo du Twitter de Masuda. #Fraîcheur #Achievement

 Sur ce, moi je vais me pieuter. Allez, bisous.

10 commentaires:

  1. Même si la déception était au rendez-vous, finalement l'esprit de Pokémon était là : l'échange en des personnes de tous horizons qui partagent une même passion pour des petits êtres colorés et encore indéfinis (merci de l'avoir fait remarqué, je me rend compte que je ne sais toujours pas non plus ce que sont des Pokémons O.O). Je me rend compte maintenant que je n'ai vraiment plus le choix, je vais aller claquer des thunes dans la version X dès demain !
    Sinon j'ai fait exactement la même photo que toi à 15h30, il y avait toujours autant de queue. J'espère donc que dans les jours à venir, voir la semaine prochaine, le Pokécenter deviendra plus facile d'accès, et tant pis s'il ne reste plus rien à acheter, mon porte feuille me remerciera !

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    1. C'est tout à fait ça oui, l'esprit de Pokémon était bien là et on venait finalement surtout pour ça.
      Et, ah, chic chic pour la version X !
      J'espère que tu as pu t'y rendre avant qu'il ne ferme et qu'il restait encore un peu de stocks ~ :)

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  2. J'ai l'impression qu'à chaque fois que les Japonais organisent quelque chose à Paris, ils s'imaginent que tous les Parisiens sont des esthètes arty dans le vent et qu'il leur faut absolument une présentation minimaliste avec plus d'expo que de pur merchandising. Alors que nous sommes des victimes de la consommation comme tout le monde !
    Finalement hier je n'ai pas tenté le coup, j'ai eu quelques teasings sur l'affluence et ça m'a complètement refroidie. Comme Clothilde, je tenterai ma chance un autre jour.

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    1. C'est exactement ça. C'est assez triste cette vision fabuleuse qu'ils se font, tout de même (aussi bien pour nous que pour eux.)
      Comme Clothilde, j'espère que tu as pu finalement aller y faire un tour. En tout cas, je garde l'espoir qu'ils finissent par ouvrir un Pokécenter un peu plus définitif.

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  3. La dernière photo me vend du rêve. Comme quoi, on peut tout à fait aimer Cannibal Corpse et les Pokémon.

    Je rejoins le commentaire ci-dessus, la plupart des boutiques japonaises ou concept japonais qui s'exportent en France cherchent à traduire une sorte d'élégance propre à notre pays alors que ce qui attire, c'est le côté complètement extrême de cette culture. Le Pokemon Center que j'ai visité à Tokyo était une véritable mine d'or et je comprends que certains aient pu être déçus.

    Mais ça reste une expérience intéressante au final, et ton récit m'a bien fait rire.

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    1. Eh oui, tout est possible ~ ! Il était sympa en plus.

      Le Pokécenter de Tokyo est un vrai paradis, on y trouve de tout, c'est fantastique. Ce qui rendait le Pokécenter parisien d'autant plus décevant hélas é_è Mais bon, espérons qu'à l'avenir ils réitèrent la chose de manière plus longue et plus fournie !

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  4. Je suis assez étonnée par le monde qu'il y avait et le peu de goodies à vendre ! En tant que fan de l'anime et des jeux (mais seulement les deux premières générations) j'aurais adoré aller à celui de Paris si j'en avais eu l'occasion. Mais maintenant que j'ai testé celui de Tôkyô, j'avoue que la comparaison ne tient absolument pas (quoiqu'à Tôkyô il n'y a pas d'objets de collection en exposition) et que niveau prix, c'est sans doute un peu abusé (quelque chose me dit que sur le net tu peux trouver moins cher et de plus grande taille).

    Cela dit, comme tu le disais à la fin, c'est plus pour l'ambiance et le fait d'y être, de voir des gens qui comme toi n'ont jamais pu décrocher de cet anime qui fait que ça pouvait valoir le coup... ^^ Un peu comme la file d'attente de Japan Expo ou une séance de dédicace, tu fais ami-ami avec tes voisins, tu discutes et tu soupires que le temps passe trop lentement ^^

    C'est amusant pour l'âge car à Tôkyô, ce qui m'a étonnée, c'est le nombre de salarymen en costume, sortant du boulot (y'a pein de bureaux dans le coin) et tout en train de regarder et acheter certains goodies alors que des enfants trépignaient dans le centre.... contraste amusant !

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    1. T'as vu ça. Je pense qu'ils n'avaient vraiment pas prévu de recevoir autant de visites. Ils avaient prévu 1000 personnes le premier jour, il y en a eu au moins le triple.
      Ce Pokécenter là n'a rien de comparable avec celui de Tokyo, aussi bien côté goodies que côté prix effectivement... Mais bon, on reste chanceux d'avoir eu le droit à ce petit événement :)

      Et puis, oui, on vient surtout pour l'ambiance. Côté population, c'était assez varié, la plupart étaient des gens entre 20 et 30 ans, mais on trouvait aussi pas mal d'enfants et de personnes plus âgées. Pas de contraste aussi rigolo qu'à Tokyo par contre, haha ~.

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  5. Ah, je suis terriblement déçue. Au moins, ton Grenousse a la classe !

    Je me consolerai sur ma Game Boy é.è

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    1. Il ne faut pas l'être, avoir eu le droit à cela, c'est mieux que rien ! Et puis comme toutes les autres personnes ayant acheté des peluches le premier jour, ce sont des goodies exclusifs et collector, alors ma foi, c'est plutôt pas mal :)

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