jeudi 21 novembre 2013

The strangeness in me

 " T'as besoin d'une voiture pour aller travailler
Tu travailles pour rembourser la voiture que tu viens d'acheter
Tu vois le genre de cercle vicieux ?
Le genre de trucs qui donne envie de tout faire sauf de mourir vieux 

Tu peux courir à l'infini
À la poursuite du bonheur, la Terre est ronde, autant l'attendre ici
Je suis pas feignant, mais j'ai la flemme
Et ça va finir en arrêt maladie pour toute la semaine
Je veux profiter des gens que j'aime 

Je veux prendre le temps, avant que le temps me prenne et m'emmène
J'ai des centaines de trucs sur le feu
Mais je ferai juste ce que je veux quand même ! "

Orelsan ─ La Terre est ronde

 ~

  "Qu'est-ce que je fous là ?" et "je vais où dans ma vie comme ça?" sont des questions que je ne me suis jamais vraiment posées avant l'autre jour. J'ai toujours eu un peu peur de ces questions, j'ai toujours eu le sentiment que c'était le genre de truc à la fois totalement débile et vicieux qui entraînent des réflexions sans fin sur la vie comme celles dans lesquelles s'engouffrent les ados en pleine crise. Je n'aime pas spécialement raconter ma vie comme ça, aux yeux de tout l'internet. J'ai l'impression que lorsqu'on le fait, on a tendance à raconter des choses futiles, quand on ne se plaint pas. Et parfois ─ sinon souvent ─, on se plaint de choses futiles. Je crois que c'est le cas dans ce qui va suivre. Après tout, un blog, c'est aussi pour raconter sa vie, exorciser je ne sais quoi, se sentir exister peut-être, quelque part. On pourrait cracher tout ça sur une feuille de papier, mais ça n'aurait pas le même effet. Non, s'allonger sur un divan virtuel avec de parfaits inconnus dans le rôle de Freud, c'est mieux.

 Alors voilà. Ces derniers temps, je ne dors plus. Ou alors trop. Je ne me contrôle plus, je ne m'aime plus. Je me déteste presque même pour cela. On a tous besoin de contrôler les choses un minimum. Depuis quelques jours, j'ai le sentiment de perdre prise, l'impression que tout va trop vite, que tout échappe à ce sentiment de contrôle minimal. J'ai envie de me déconnecter totalement afin de mieux repartir. J'ai envie de changer une montagne de choses dans ma vie, à différents niveaux. J'ai envie de reprendre le contrôle sur moi-même, mais la tâche me parait insurmontable. Et tout ça parce que j'ai commencé à me demander ce que je foutais de ma vie, et ce que je me voyais foutre dans cinq ans. Tout a commencé à devenir un monstrueux bordel dans ma tête à cause de ces deux questions, "qu'est-ce que je fous là ?" et "je vais où comme ça ?". Qu'est-ce que je fous dans cette fac, au-delà du fait que la psychologie et la science en général sont des sujets qui me passionnent ? A quoi ça va bien me servir ? Est-ce que j'aime vraiment ce que je fais ? Est-ce que j'ai vraiment envie de faire ce que je fais ? J'en suis à un stade où cette chanson d'Orelsan que je cite en début d'article illustre tellement bien l'état dans lequel je me trouve depuis environ deux semaines que ça commence à en devenir effrayant.

 J'ai l'impression de faire une crise d'adolescence méga-tardive quand je me dis que je veux changer un tas de bidules dans ma vie, à différents niveaux. Changer la couleur de mes cheveux et me faire encrer de nouveaux tatouages. Changer de pays. Partir très loin, loin de tout, loin d'internet, loin de Paris, loin de la fac, loin, très très loin, dans un coin paumé avec une tribu paumée, histoire de me foutre une grande claque dans la gueule. Pas pour toujours, mais pour au moins un temps. On a tous ce petit idéal, enfoui en nous dans un coin. L'herbe parait toujours plus verte à côté comme le dit l'adage, n'est-ce pas ? La fac me donne des boutons. Littéralement. Le matin il m'arrive de ne pas réussir à me lever. Après j'ai honte, je me sens coupable, je mange comme une goinfre, je me regarde dans le miroir, je me dis que "merde Alien, t'as déconné" et je me hais. Je camoufle la symptomatisation physique du bordel qu'il y a dans ma tête s'exprimant par des cernes et des boutons sous du fond de teint, et je me trouve encore plus moche. Pour me consoler je lance Steam et ne peux plus m'arrêter de jouer pendant des heures. Buter des mecs, ça soulage. Et les persos que je joue n'ont pas de boutons ni de cernes, eux.
Je m'emmerde dans ma vie. Mais ça, personne ne le voit. Presque plus rien ne m'intéresse. Même ma liste infinie de passions ne me divertit plus. J'ai fait une overdose de dinosaures et la paléontologie me saoule totalement depuis. Ne pas voir les étoiles me rend triste. Aller au cinéma est encore le seul loisir qui me rend à peu près contente, mais mon porte-monnaie tire la gueule à la fin du mois (note à moi même : investir dans un abonnement annuel au cinéma. Impérativement). Et le pire, c'est que même la fac m'emmerde. J'adore apprendre et m'élever intellectuellement et culturellement. Mais la routine quotidienne m'emmerde ferme. Et la perspective de ne plus jamais quitter la fac de ma vie m'angoisse (si je deviens enseignant-chercheur comme je me pousse à me l'imaginer, comme je me force à croire que cette perspective est vraiment celle que je souhaite le mieux). Je ne sais pas si j'ai envie de consacrer ma vie à une seule chose. Je ne sais pas si je suis assez passionnée et assidue pour ça. Je suis une girouette, j'aime trop de choses, j'ai trop d'idées, trop de projets, trop de trucs sur le feu que je remets toujours au lendemain parce que j'ai la flemme. Je suis exactement comme dans cette chanson d'Orelsan. Mot pour mot.
Mais la simple idée de ne pas être totalement heureuse dans mes études mes donne le vertige. J'ai l'impression que les études et le travail, c'est la ligne conductrice d'une vie. Si tu n'en as pas, t'es dans la merde. Si tu veux essayer de vivre autrement, tu es marginalisé. C'est chiant la société. C'est chiant de se sentir comme une gamine de treize ans en pleine crise quand on dit que "ouais, c'est chiant la société, putain. Codes et impératifs sociaux de merde". Est-ce qu'être punk c'est grave ? C'est pathologique de se sentir à l'étroit et d'aspirer à autre chose ? Est-ce que choisir d'autres chemins c'est être un grand adolescent en perpétuelle crise ? Est-ce que je raconte n'importe quoi parce que je manque de sommeil ?

 En ce moment donc, je gratte du papier. J'écris des tonnes de trucs, beaucoup plus que d'habitude. Des réflexions, des dessins, des conversations avec moi-même, autant de tentatives de retrouver un sens, un chemin, une ligne à suivre, aussi infime soit-elle, quelque chose à laquelle se raccrocher pour avancer. Je ne suis pas malheureuse, je n'ai aucune raison de l'être. J'ai juste le tournis, et un grand vide à l'intérieur de moi. Alors je ne sais pas trop où je vais, mais pour le moment, j'y vais.
J'fais du stop sur l'autoroute de la vie. Un jour j'aurai une belle cadillac rouge, et elle foncera avec les autres. En attendant, klaxonne moi donc si tu me croises.

6 commentaires:

  1. ça peut paraitre idiot à dire, mais je me retrouve énormement dans ce que tu dis.. J'ai envie de tout changer, de me barrer vivre en forêt , alors que je ne suis pas capable de survivre une nuit dans la rue. J'ai envie de changer tout ce quotidien dans lequel je me suis plongé. Mais la routine c'est trop confortable.. Et comme tu dis.. Sans boulot ya quoi pour nous dans cette société?
    J'ai pas envie de travailler, d'avoir des comptes à rendre , je veux juste rester dans mon coin et apprendre ce que j'aime..à mon rythme.. sans impératif. C'est égoiste de penser ça j'ai l'impression.. Mais plus je lis des choses sur d'autres société , plus je me dis qu'ici je n'ai pas ce qu'il me faut.

    A force de lire des écrits religieux je me rend compte que la voie que je voudrais suivre se trouve souvent dedans , mais qui est impossible à réaliser aujourd'hui (à moins d'aller m'exiler dans une montagne).

    Tout ça pour avoir de la thune, pour réaliser des envies qui ne soulagent pas tant que ça u_u (bon si on oublie bouffer biensur ,ça soulage quand même de pas creuver)

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  2. J'avais écris un long texte pour dire en quoi je me retrouvait beaucoup dans ce que tu dis mais finalement j'ai trouvé ça idiot et inapproprié...
    J'espère juste sincèrement que tu retrouveras l'envie de faire ce que tu aimes habituellement et que petit à petit tu y reprendras du plaisir. C'est vraiment un sentiment horrible (que je partage) alors je te souhaite beaucoup de courage pour raccrocher les wagons ou tout envoyer chier un bon coup pour repartir sur de bonnes bases, enfin bref, quelque soit la méthode j'espère qu'elle marchera.

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  3. Bon, je suis un peu plus vieille que toi - à peine, mais quand même.

    Cette sensation, tu vas l'avoir tant que tu te poseras des milliers de question, en effet. Parce que plus tu grandis, plus tu as l'impression que tout est vain, plus tu te dis que t'aimerais retourner en arrière pour faire d'autres choses, et en même temps, que ça ne servirait à rien, j'en passe et des meilleures. Le fait est qu'en général, on se perd toujours en cours de route, qu'il ne faut pas s'en formaliser, c'est quelque chose "qui arrive". Reste à savoir ce qui te donne vraiment envie de te lever le matin.

    Si tu lis mes articles depuis quelques temps tu constateras que je suis dans le même état que toi (et cette chanson d'Orelsan qui est tellement vraie). J'ai même pris un arrêt maladie d'une semaine. Je n'ai fais qu'écrire pendant ce temps et ça m'a fait du bien.

    Si je peux te "conseiller" quelque chose : pendant les vacances, tu te coupes du monde. Tu t'essayes à plein de choses. Tu imagines ta vie autrement. Tu tentes, tu expérimentes. Tu changes de style, tu tentes de nouvelles coiffures, de nouveaux maquillages, tu achètes ou trouve des livres différents de ceux que tu lis d'habitude, tu fais une liste des choses que tu aimerais faire, et j'en passe. C'est normal de se sentir mal à l'aise, de se détester, si cela permet ensuite de progresser et de voir ailleurs. Je te souhaite bien du courage, en tout cas !

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  4. Il y a des jours comme ça ou j'ouvre internet et ou ton blog me fiche ou claque. Une putin de claque...
    Parce que c'est exactement ça, je fuis. Les cours, les gens, le futur et la vie. Ça m'a toujours fiChu la frousse tout ses trucs là parce que dans ma tête ça tourne, ça tourne en rond, un caroussel du désespoir existentiel bien réglé et pas près de s'arreter... Alors je me cache et je profite de mes migraines pour disparaître une semaine.
    Je dirais pas que je te comprend, ce serait pédant... Seulement que j'espère que tu trouveras la bonne voie pour lancer ta cadillac à toute allure et profiler d'un paysage qui te sera propre...

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  5. Tiens, j'ai eu l'impression de lire l'article que j'avais envie d'ecrire depuis des mois.
    Ca me fait un peu bizarre de publier ce commentaire, vu qu'on ne se connait presque... pas du tout en fait, a part peut-etre quelques vagues echanges au detour d'un forum ou flickr, mais je suis regulierement ton blog, et je dois dire que je t'admire pas mal. Et pour le coup, je me retrouve aussi, entierement dans ce que tu as decrit la, c'est horrible a dire mais je me sens beaucoup moins seule du coup, ce serait presque... rassurant. Et en meme temps, c'est triste de lire que quelqu'un qu'on admire se deteste en fait :(

    *maintenant retour au sujet*

    Je pense aussi, que si l'occasion de te couper du monde se presente, ne serait-ce que pour un petit moment, faut la saisir et en profiter - pour te recentrer sur toi (il y a vraiment rien de mieux qu'etre un peu egoiste et egocentrique parfois =) ) voir ou tu vas etc etc. Note sur un papier ce que tu aimerais faire, si il n'y avait pas toutes ces limites sociales et toutes les autres aneries qui t'en empechent.
    Enfin je dis ca, mais en fait, je suis extremement mal placee pour donner des conseils sur le sujet.

    En tout cas, courage, j'espere que tot ou tard, ca ira mieux :)

    (m'excuse d'avance si ce commentaire n'etait pas tres coherent, j'ai ecris ca a moitie endormie sur mon clavier xx")

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  6. Merci beaucoup à vous tous pour votre soutient. Habituellement je vous réponds individuellement, mais comme les mêmes grandes lignes ressortent de vos commentaires et que vous m'avez beaucoup touchée et redonné la pêche, j'ai juste envie de vous dire un gros merci. Que l'on se connaisse bien, peu ou prou, vos mots me font chaud au cœur. Vraiment. Alors merci.
    J'ai continué à réfléchir, et j'en ai conclu que d'ici quelques années, je pourrai être libre. Quand j'aurai terminé mon Master, j'aurai un diplôme et serai de fait bien plus libre. Allez, c'est pas si loin, le Master. D'ici trois ans je serai plus libre, et d'ici sept (après le doctorat), ce sera la vraie liberté. En attendant, je crois qu'il faut prendre sur soi, faire preuve d'un peu de courage et avancer même si ça n'est pas vraiment ce qui nous branche.
    Se poser des questions sur la vie et ce que l'on va en faire est finalement une bonne chose. la chose affreuse, c'est de se lever tous les matins, entrer dans sa routine quotidienne, rentrer, se planter devant la télé et repartir dormir sans se poser aucune question. Je crois qu'au fond, personne n'est vraiment tout à fait heureux dans sa vie et se lève le matin en se disant "génial, je sais quel est le sens de la vie, youpi !". Ouais, se poser des questions c'est un peu douloureux, et parfois même on souhaiterait être un peu con. Mais je suis convaincue que c'est un mal pour un bien.

    Enfin bref. Merci beaucoup. Et pour ceux d'entre vous qui se trouvent dans le même état, je vous souhaite également bien du courage. Plein de bonnes ondes à vous ! (●´∀`)ノ♡

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