dimanche 29 septembre 2013

La sortie du dimanche - Nuit Quartier Interdit


(Oh tiens, c'est le 100e article de ce blog, dis-donc).

  Il est temps de redevenir quelqu'un de sérieux et d’assidu, donc de reprendre ma chronique dominicale. Et quoi de mieux pour s'y remettre que la Nuit Quartier Interdit, organisée hier soir par le Paris International Fantastic Film Festival ? Le PIFFF est le seul festival parisien que je ne manquerai pour rien au monde (l'an dernier je t'en avais déjà fait un petit report), et il se trouve que dans l'année, quelques nuits thématiques sont également organisées. J'avais manqué la nuit consacrée à Rob Zombie, je ne pouvais pas me permettre de manquer cette nuit consacrée au cinéma de quartier, genre culte du cinéma d'exploitation.

  La nuit débutait par l'avant-première de Machete Kills de Robert Rodriguez, l'un de mes cinéastes fétiches. Dans la continuité du film Machete, on trouve de l'humour et du gore improbable à foison, un casting dingue comme d'ordinaire (Mel Gibson, Jessica Alba, Antonio Banderas, Lady Gaga... et un tas de têtes connues des amateurs de films de Rodriguez). Mais surtout, le film est parsemé d'une multitude de clins d’œil intelligents et rigolos à des films cultes comme Doctor Strangelove, Machine Girl et surtout Star Wars, référence qui sera amenée à être plus développée par la suite dans un troisième opus intitulé Machete kills again in space (la bande-annonce promet encore du lourd).
Si tu ne connais pas bien le personnage de Machete, il faut simplement savoir que Danny Trejo qui interprète son rôle depuis la saga Spy Kids est un ancien toxicomane et champion de boxe lors de ses années passées derrière les barreaux. C'est également le cousin de Rodriguez. Machete quant à lui est le visage d'un Mexique révolutionnaire luttant pour son indépendance et sa liberté, une légende vivante, personnification de la vengeance.
Comme j'ai eu le plaisir de voir l'avant-première, je ne t'en dirai pas beaucoup afin de ne pas altérer la saveur de ce délicieux film lorsque tu auras envie de le regarder, mais en bref, Machete se retrouve une nouvelle fois embarqué dans une affaire du gouvernement américain qui l'amènera à se frotter à la nouvelle Miss Texas, à une bande de prostituées en colère (le spectateur averti reconnaîtra d'ailleurs Alexa Vega, qui a bien changé depuis le temps où elle interprétait Carmen dans les films Spy Kids), à un mystérieux Caméléon, à un dictateur schizophrène, et à un scientifique fou fan de Star Wars entre autres choses. On rigole énormément tout au long du film, tant pour les répliques toujours aussi cinglantes et hilarantes que pour le comique de situation dans lequel les personnages se retrouvent. C'est encore meilleur à savourer lorsque l'on connait bien les films de Rodriguez tant il y a de références à ces précédents travaux, et on n'a qu'une seule hâte : voir la suite. En résumé, Rodriguez nous sert une nouvelle fois ce qui fait son tiercé gagnant, à savoir de l'humour à foison, des jolies filles légèrement vêtues et du gore savamment dosé.
Et comme les nuits du PIFFF c'est aussi des surprises, on a eu le droit à un petit message de Rodriguez enregistré spécialement pour l'occasion, ainsi que deux bandes-annonce de films qui donnent envie (Werewolves on wheels et Delinquent Schoolgirls), parce qu'il faut bien se rappeler qu'à l'origine, Machete était une bande-annonce factice servie à la fin du génialissime Planet Terror, mais ayant tellement excité le public que Rodriguez a bien fini par en faire un vrai film, pour notre plus grand plaisir.


  Le second film de la soirée est certainement l'un des films de zombies les plus cultes : Zombi 2 ou L'enfer des zombies dans sa traduction française, film iconique de l'horreur à l'italienne réalisé par Lucio Fulci en 1979 et présenté cette nuit dans une version complète en italien entièrement remastérisée ; Un vrai bonheur que de voir ce mythe du cinéma dans une version d'aussi bonne facture et sur grand écran bien que l’œuvre ait tout de même pas mal vieilli en mon sens. L'horreur à la sauce italienne est l'un de mes genres préférés (la faute à Argento et à tous les maîtres du giallo), et les films de Fulci sont une très grande source d'inspiration pour moi, notamment parce qu'il s'agit de films bourrés de défauts, et que moi, j'adore ça, les défauts. Jeu d'acteur terriblement mauvais, scénario totalement téléphoné, dialogues dignes d'un film français, montage dégueulasse bourré de faux raccords, plans très bizarres, scènes dont tu ne comprends pas trop l'intérêt mais que tu es quand même content de voir (comme un combat aquatique très crédible au ralenti entre un requin et un zombie), bande son qui te vrille les tympans et te reste en tête un moment, mais c'est justement tout cela qui fait à mes yeux la beauté de ce genre de film, et la raison pour laquelle je le trouve tellement plus attractifs que les films lisses et propres du cinéma actuel.
Le scénario de L'enfer des zombies est basique : un journaliste et une jeune femme dont le père a disparu et dont seul le bateau a été retrouvé partent à sa recherche sur l'île de Matule, dite maudite. J'aime bien ce genre de films de zombies qui remontent à l'origine vaudou et haïtienne de la chose, à l'instar de White Zombie avec mon cher et tendre Bela Lugosi. J'aime bien également ces films où les zombies sont beaux et ressemblent vraiment à des morts-vivants. Même si Romero est le maître incontesté dans le genre, j'ai toujours trouvé ses zombies trop propres et bien portants. Les effets spéciaux et le maquillage ici relèvent du grand art puisque tout a été fait à base de produits alimentaires et de plasticine pour un rendu gore merveilleux et absolument pas pudique. On te montre les têtes qui explosent, les plaies dégueulasses, les viscères fraîches, le sang rouge magenta, et de très beaux états de décomposition avancée. C'est très bien fait, c'est kitch, c'est jouissif. C'est bien tout ce côté bricolage artisanal tant dans la réalisation que dans le montage qui m'enchante, m'inspire et m'encourage dans mes propres projets.
En bref, un film culte, sale et bien divertissant.
Et on a encore eu droit à un petit bonus : la projection de la bande annonce de The Green Slime, un film de science-fiction sorti en 1968 comme il y en a tant eu à cette période et que j'apprécie bien pour le côté carton-pâte de sa réalisation.


 C'est à partir de ce moment de la nuit que j'ai commencé à m'endormir sur l'épaule de mon gentil voisin, en dépit du café qui nous était offert. Je ne serai donc pas en mesure de donner un avis précis sur les deux derniers films projetés.
Je suis restée éveillée pendant environ 10% du troisième film de la nuit, Baby Cart : L'Enfant Massacre, de Kenji Misumi (1972), mais le peu que j'en ai vu m'a bien plu. Je t'ai déjà parlé de ma passion pour les samouraïs et les films de Kurosawa. Eh bien on retrouve une nette influence de mon réalisateur fétiche dans ce film. Je crois d'ailleurs que si Kurosawa avait un jour voulu s'essayer au gore, il aurait réalisé quelque chose du genre. Baby Cart s'avère être une série de plusieurs longs métrages adaptés du manga Lone Wolf and Cub, qui a inspiré énormément de personnes par la suite (et j'ai notamment compris l'origine de ce personnage de la chèvre assassin et son fils dans le manga Usagi Yojimbo que j'affectionne tant ; Joie).
Bon, alors, je ne suis pas restée éveillée suffisamment longtemps pour comprendre quoi que ce soit à l'histoire, mais il me semble qu'il était question d'une vengeance et de méchantes kunoichis (ninjas femelles). Les passages où j'ai ouvert les yeux, j'ai vu la plupart du temps des jets de sang rouge fluo en mode karcher à propos desquels tu te demandes comment tu fais pour ne pas exploser avec une telle pression artérielle. J'adore ça. Je me souviens aussi d'un montage affreux qui ressemblait à du Power Point, ainsi que d'une bande son totalement random et qui pour le coup, sonnait le glas de tes oreilles. A la fin du film, il y avait même un désert. Tout le monde sait que le Sahara se trouve au Japon, voyons. Je regrette un peu de m'être endormie parce que ça semblait tout de même bien amusant et j'entendais rire la salle de temps à autre. Je le revisionnerai probablement un jour où je me trouverai dans des conditions physiques adéquates.
En revanche, je me souviens très clairement des bonus auxquels on a eu droit avec ce film. Comment oublier la bande-annonce d'un film qui te vend autant de rêve de Kung-Fu Monsters, un film d'art-martiaux dans lequel les héros sont des freaks, l'un sans bras, l'autre sans jambes. Effets spéciaux de folie, sauts au ralenti et bruitages incroyablement crédibles (note l'ironie), il faut à tout prix que je vois ce chef d’œuvre. Il y avait une seconde bande-annonce pour un film dont le titre m'échappe malheureusement (pourtant j'ai sacrément eu envie de le voir), racontant une sombre histoire de champignons mutants. Ça m'a fait rêver. Vraiment.



  Enfin, le film Vigilante de William Lustig (1983) qu'il tourna entre deux pornos clôturait la nuit. Un petit coucou en vidéo du réalisateur précédait la séance. Et comme on nous annonçait des viols, j'ai lutté contre le sommeil tant bien que mal.
C'est une très bonne illustration de ce qu'est le genre du cinéma d'exploitation et la preuve que dans la période très tourbillonnante qu'a connu l'Amérique et particulièrement Hollywood dans les années 80, on trouve des films de série B intéressants, marquant le début des grands polars et relevant d'un nihilisme allant à l'encontre des films cheezy ou aux acteurs bodybuildés de l'époque.

 Vigilante est une histoire de vengeance, celle d'un homme ayant vu sa vie bouleversée par l'agression de sa femme et le meurtre de son fils par un gang de racailles ainsi qu'une justice laxiste et corrompue. C'est un film cru et hardcore (qui a bien plu à la passionnée d'ultra-violence que je suis), genre d'allégorie pour la violence qui s'emparait alors des États-Unis à cette époque et prenant clairement parti pour une autodéfense brutale (et magnifiquement mise en valeur par une excellente photographie renforçant le caractère malsain et déstabilisant du tout). Dialogues percutants, réalisme brutal, excellents acteurs et photographie au top, Vigilante est un condensé exact de ce qui fait de la bonne série B qui ne se prend pas au sérieux : scènes de prison, caractère cow-boyesque et blaxplotation, le tout dans une mécanique nerveuse et violent savement huilée. Tu t'en prends plein la tronche et libre à toi ensuite d'apprécier ou de condamner tant de violence malsaine, mais Vigilante est définitivement un must-seen pour tous les amateurs du cinéma d'exploitation.

Sur ce, je te laisse avec la bande-annonce de cette nuit :


4 commentaires:

  1. Cette soirée thématique avait l'air franchement géniale et c'est dans ces moments là que je regrette de ne pas pouvoir vivre à Paris et me faire autant plaisir. Je rêve également de me rendre au PIFFF depuis un moment déjà mais c'est quasiment impossible vu mon boulot, alors autant te dire que ton article m'intéresse au plus haut point.

    J'adore Machete et j'ai d'ailleurs hâte d'aller voir ce nouvel opus. Concernant L'enfer des Zombies j'ai eu la chance (sic) de le voir il y a quelques temps et je te rejoins à 100% dans le côté à la fois kitsch, bizarre, et complètement fait main du cinéma d'horreur italien. Ces zombies là sont terriblement bien foutus et il y a une atmosphère indescriptible que j'adore.

    Pour les deux autres films, ne connaissant absolument pas les thèmes abordés je ne pourrais pas te dire, mais l'idée d'un film contenant des scènes de viol a souvent tendance à me mettre mal à l'aise. En revanche je trouve intéressant de proposer des œuvres qui ont l'air vraiment particulières et qui reflètent un genre méconnu.

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    1. C'était vraiment très très chouette. Le PIFFF ne déçoit jamais. Cette année cependant je crains de ne pas pouvoir m'y rendre autant que je l'aimerai puisque les séances auront lieu en journée contrairement aux années précédentes. Sécher les cours ou ne pas sécher les cours, telle est la question (mais je suis quelqu'un de sérieux alors la réponse est pratiquement toute trouvée, malheureusement). J'espère malgré tout être en mesure d'assister à quelques séances et en faire un petit rapport ici en pensant à toi, pauvre provinciale :) (Ce qui n'empêche pas qu'il faut VRAIMENT que tu viennes sur Paris un jour).

      J'espère que le nouveau Machete te plaira (mais il n'y a pas de raison pour qu'il déçoive qui que ce soit), et je ne sais pas bien lequel de Machete ou Machete Kills a ma préférence, d'ailleurs. Vivement le troisième opus en tout cas !

      Je comprends tout à fait le fait que les scènes de viol te mettent mal à l'aise. Je suis quelqu'un d'assez insensible à la violence (insensible n'est pas vraiment le bon terme. Disons que ça ne m'affecte pas et que l'ultra-violence me fascine profondément), c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup. Je dois être un peu rodée, haha. Mais Vigilante est un film assez cru, de la bonne série B, quoi. Les scènes de viol sont cependant très loin d'être aussi hardcore que dans Orange Mécanique ou Irréversible, par exemple.

      Et, effectivement, c'est sacrément chouette de proposer une telle variété des films. C'est bien pour ça que j'adore le PIFFF et ses nuits, parce que l'on redécouvre des classiques et des choses connues, et puis à côté on s'émerveille devant des films qu'on aurait peut-être aimé découvrir un peu plus tôt.

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  2. Le film Japonais avec les champignons c'est "Matango"

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